Arrêter de fumer, combien ça coûte ?

Si la France a connu une baisse historique du nombre de fumeurs, un million en moins en 2017, elle reste l'un des pays d'Europe où l'on fume le plus. Combien coûte le sevrage tabagique ? Quelle est la prise en charge ? Explications.

Maroussia Renard
Rédigé le , mis à jour le
Image : ©Fotolia - Vidéo : "J'arrête de fumer : combien ça va me coûter ?", chronique de Maroussia Renard du 30 octobre 2018
Image : ©Fotolia - Vidéo : "J'arrête de fumer : combien ça va me coûter ?", chronique de Maroussia Renard du 30 octobre 2018

Pour arrêter de fumer, la volonté ne suffit plus, il est indispensable d'être aidé. Les chiffres sont sans appel : 97% des fumeurs qui essaient d'arrêter le tabac sans accompagnement, échouent. Pour se faire aider, l'idéal est de consulter un tabacologue. Il peut s'agir d'un médecin (généraliste, pneumologue, cardiologue...), des infirmières, des psys et des sages-femmes tabacologues. Ils ont exactement le même diplôme (DIU un an). En revanche, le coût de la consultation est variable.

Si vous choisissez de consulter une sage-femme tabacologue à la maternité par exemple, ou si vous êtes diabétique et que vous consultez une infirmière tabacologue à l'hôpital, vous bénéficiez d'une prise en charge à 100% et du tiers payant. Si vous consultez un tabacologue en ville, il faut compter le tarif d'une consultation normale : 25 euros pour un généraliste et entre 30 et 51 euros pour un spécialiste. La Sécurité sociale vous rembourse 70% et la mutuelle, si vous en avez une, prend en charge le reste. Précision : ces tarifs sont hors dépassements d'honoraires.

Des substituts nicotiniques désormais remboursés

En général, les tabacologues prescrivent des substituts nicotiniques. Il s'agit de patchs, de gommes, de comprimés ou encore de sprays qui diffusent de la nicotine pour libérer le fumeur de la dépendance physique. C'est le traitement recommandé en première intention. Jusqu'à récemment, ces substituts n'étaient absolument pas remboursés par la Sécurité sociale. Mais depuis mi-septembre 2018, certains substituts nicotiniques sont désormais pris en charge à hauteur de 65% et bénéficient du tiers payant. Pas tous, uniquement certaines marques et certaines formes : patchs et gommes.

Le remboursement de certains substituts nicotiniques est une vraie avancée parce que ces produits coûtent cher (patchs : 180 euros tous les trois mois). Et comme ils n'étaient pas remboursés, les prix étaient libres. Or, d'une pharmacie à l'autre, les prix pouvaient varier du simple au double. Désormais, les prix sont fixes : une boîte de 28 patchs coûte 28,55 euros et une boîte de gommes coûte 13,74 euros.

Vers la fin du forfait annuel ?

Parallèlement, il existe une autre forme de prise en charge : un forfait. Quand les substituts nicotiniques n'étaient pas remboursés, la Sécurité sociale proposait un forfait de 150 euros par an pour les financer. Une somme loin de couvrir la facture. En plus, le patient devait avancer les frais. Ce forfait est voué à disparaître, d'ici la fin de l'année 2018. L'idée est de rembourser petit à petit tous les substituts et donc d'arrêter ce forfait. Mais en attendant, les deux systèmes coexistent et peuvent se cumuler.

Vous pouvez en effet vous faire prescrire des substituts remboursés à 65% ET dans le même temps, bénéficier du forfait à 150 euros. Pendant cette période de transition, le sevrage tabagique vous coûtera donc moins cher. Mais pour pouvoir être remboursé, il faut impérativement une ordonnance et pour bénéficier du forfait à 150 euros, il faut bien conserver la facture du pharmacien. Si vous avez une mutuelle, sachez que celle-ci complète généralement ce forfait : de 50 à 150 euros en plus.

Faut-il prendre en charge à 100% le sevrage tabagique ?

Si la prise en charge du sevrage tabagique s'est améliorée, beaucoup de médecins souhaitent une prise en charge à 100% des fumeurs qui ont la volonté d'arrêter. Cette idée n'est pas révolutionnaire, elle a été préconisée par la HAS il y a déjà dix ans mais elle n'avait été retenue par aucun gouvernement. Pourtant, cette prise en charge existe et est efficace en Grande-Bretagne et au Québec. Le coût du sevrage, même minime, est un frein pour les plus modestes, or ce sont eux les plus concernés. Dans les populations précaires, on compte un tiers de fumeurs en plus que dans la population générale.

Fumer coûte beaucoup plus cher que le sevrage. Fumer un paquet par jour coûte 240 euros par mois. Mais en matière de dépendance, on ne peut pas raisonner de cette manière. La nicotine, c'est comme une drogue dure. Quand un fumeur sort 8 euros de sa poche pour s'acheter un paquet de cigarettes, c'est comme s'il achetait un produit de première nécessité.

Certes, le sevrage tabagique coûte cher, mais au-delà des vies sauvées (tabac = 213 morts/jour), investir dans l'aide au sevrage tabagique est très rentable. Plusieurs études ont montré qu'il s'agissait d'une des mesures de prévention qui permettait de faire le plus d'économies sur les dépenses de santé. Sans compter tous les coûts indirects liés au tabac. Entre les arrêts maladie, les pertes de production liées à ces arrêts et aux décès prématurés des fumeurs, on estime que le tabagisme coûte 120 milliards d'euros par an à la collectivité. C'est comme si chaque Français payait un impôt indirect de 2.390 euros par an pour financer les dépenses liées au tabagisme ! Et l'augmentation des taxes n'y change pas grand-chose. Le tabac coûte infiniment plus cher à la société qu'il ne rapporte, à peu près dix fois plus.