Nouvelle consultation de dépistage du cancer pour les femmes de 25 ans

Votée par l’Assemblée, la prise en charge à 100% par l’Assurance maladie d’une consultation de prévention des cancers du sein et du col de l’utérus permettra aux femmes de 25 ans d’être guidées dans leur dépistage.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le cancer du col de l'utérus compte 3.000 nouveaux cas par an et provoque plus de 1.000 morts par an - Vidéo : entretien avec le Dr Nasrine Callet, gynécologue oncologue
Le cancer du col de l'utérus compte 3.000 nouveaux cas par an et provoque plus de 1.000 morts par an - Vidéo : entretien avec le Dr Nasrine Callet, gynécologue oncologue

A 25 ans, le cancer n’est pas la préoccupation majeure des jeunes femmes. Mais, mieux informées avant 30 ans, elles pourraient prévenir l’apparition de tumeurs plus importantes par la suite. Voilà pourquoi l’Assemblée a voté vendredi 27 octobre la prise en charge à 100% par l'assurance maladie d'une consultation unique de prévention des cancers du sein et du col de l’utérus pour les femmes de 25 ans.

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L'objectif affirmé par le ministère est de "lever les éventuels freins financiers et de garantir un égal accès des jeunes femmes à cette consultation de prévention". Première cause de mortalité par cancer chez la femme, avec 49.000 nouveaux cas et près de 12.000 décès par an, le cancer du sein est néanmoins guéri dans 9 cas sur 10 s'il est détecté tôt, souligne le gouvernement. Le cancer du col de l'utérus compte 3.000 nouveaux cas par an et provoque plus de 1.000 morts par an.

A 25 ans, moins de risque de surtraitement

A leur 25ème anniversaire, les femmes seront donc invitées à une consultation pour la prévention des cancers du sein et du col de l'utérus. "Les jeunes femmes doivent être sensibilisées le plus précocement possible aux facteurs de risque de ces cancers et à l'intérêt du dépistage, celles qui ont des facteurs de risque aggravés, souvent familiaux, doivent être identifiées le plus tôt possible", a soutenu la ministre de la Santé Agnès Buzyn, ex-présidente de l'Institut national du cancer.

Gynécologue installé à Paris, le Dr Ludovic Friederich voit d’un bon œil cet amendement gouvernemental : "Pour une certaine frange de la population, le fait qu’il y ait une prise en charge complète va inciter les femmes à se faire dépister." "La perte de chance" liée au cancer du col causée par le virus HPV (ou papillomavirus) découle directement, selon lui, du taux de dépistage encore limité dans l’Hexagone.

L’âge de 25 ans est choisi pour éviter le risque de surtraitement des lésions précancéreuses du col de l’utérus, d’après le Dr Friederich. "95% des femmes éliminent de manière spontanée ce virus 6 à 18 mois après l’exposition, qui a lieu dans les cinq années après le début de la vie sexuelle, détaille-t-il. Si on intervient au cours ce cette période, on va détecter des anomalies et il y aura un risque de surtraitement." A 25 ans, les femmes présentant des irrégularités dans leur frottis seront donc celles qui n’auront pas détruit le HPV, et qui seront susceptibles de développer un cancer.

Les lésions seront alors toutes retirées chirurgicalement, puisqu’il est impossible de faire le tri entre celles qui s’avéreront bénignes et les autres. L’opération radicale reste toutefois préférable puisqu’elle évite l’apparition du cancer et donc le suivi d’une radiothérapie ou d’une chimiothérapie.

Une consultation précoce pour une meilleure prise en charge ultérieure

Le dépistage du cancer du sein est lui organisé à partir de 50 ans. Chaque femme doit alors effectuer une mammographie. Pourquoi alors devraient-elles s’en préoccuper dès la fin de leur premier quart de siècle ? "Effectuée tôt, cette consultation est un bon moyen pour expliquer aux patientes dans quel groupe de risque elles vont se situer, quel type de suivi il faut faire", expose le Pr Fabrice Lecuru, chef du service de chirurgie de cancérologie gynécologique et du sein de l’Hôpital Pompidou. Cette sorte de visite d’orientation permettra d’éviter de commencer le dépistage trop tôt pour les femmes qui ne possèdent pas de facteurs de risque, héréditaires ou comportementaux, et de diriger plus tôt les patientes prédisposées à développer un cancer vers un suivi assidu. "Cette mesure permettra de rassurer certaines personnes et d’éviter que d’autres ne se réveillent trop tard", se réjouit le Pr Lecuru.

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Une députée La République en Marche! saluait également au moment du vote une mesure qui allait "bien au-delà de la prévention" en permettant aux "jeunes femmes d'avoir accès à un rendez-vous gynécologique 100% remboursé à 25 ans", chose utile notamment "dans le cadre de la contraception". Un argument que balaye le Dr Ludovic Friederich : "Dans le fond, le problème de l’accessibilité aux gynécologues est lié à la démographie médicale, constate-t-il. Les consultations sont tarifées de la même façon qu’elles durent 5 ou 35 minutes, ce qui est en moyenne le cas pour les gynécologues."

Selon lui, ceux qui accepteront de faire cette consultation préventive ne feront que le frottis et pas n’aborderont pas les questions du dépistage des MST ou de la contraception. Celles-ci feront l’objet d’une autre visite, cette fois sujette à des dépassements d’honoraires ou au tarif librement fixé par le médecin, donc partiellement pris en charge par l’assurance maladie. Le problème du prix de la consultation sera alors réglé pour la prévention du cancer, mais pas pour le reste.

Avec AFP