Allergies : plus de 1.000 substances allergisantes dans nos vêtements

L’Anses, qui a analysé 25 références de textiles, demande à l’Union européenne de réduire la présence de ces substances pour protéger les consommateurs.

Maud Le Rest
Rédigé le
Allergies : plus de 1.000 substances allergisantes dans nos vêtements
© Visual Hunt

Saviez-vous que vos vêtements ou chaussures contiennent probablement du chrome ou du nickel, des substances allergisantes ? Probablement pas, et pour cause : cela n’est pas indiqué sur les étiquettes. Une situation qui inquiète l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Avec l’Agence suédoise des produits chimiques (Kemi), elle a déposé un dossier à l’Agence européenne de produits chimiques (Echa) pour demander l’interdiction des colorants à propriétés sensibilisantes, et la limitation des seuils des autres substances sensibilisantes cutanées.

"Certains textiles sont enrichis en propriétés anti-transpirantes"

En 2018, l’Anses a analysé 25 références de vêtements et chaussures en tissus classiques, en cuir, en fourrure ou en peau. Résultats : plus de 1.000 substances allergisantes et irritantes ont été trouvées. Et les vêtements bon marché ne sont pas les seuls concernés. "80% de nos textiles sont fabriqués hors de l’Europe, en particulier en Asie, avec des contraintes de réglementation différentes", explique Christophe Rousselle, chef de l’unité d’évaluation des risques liés aux substances chimiques à l’Anses.

La présence de ces substances est notamment due aux colles, métaux ou colorants utilisés lors de la confection des vêtements et chaussures. "Certains textiles sont même enrichis en propriétés anti-transpirantes ou imperméabilisantes", note Christophe Rousselle. "Plusieurs consommateurs ont souffert d’allergies sérieuses, ce qui a eu de vrais retentissements sur leur qualité de vie", précise-t-il.

Lavez vos vêtements avant de les porter pour la première fois

Plusieurs exemples ont été médiatisés, dont celui d’un garçon de 11 ans, qui a développé de graves démangeaisons au niveau des tibias en 2017. Les lésions se sont progressivement étendues à l’ensemble de son corps et à son visage. L’enfant avait développé une réaction à l’acétophénone azine, une substance présente dans ses chaussures et protège-tibias. Pour prévenir ces réactions, un conseil : lavez vos vêtements avant de les porter pour la première fois. Si malgré cela, vous constatez des irritations, consultez votre médecin traitant.

L’Echa doit lancer une consultation publique sur le sujet dès la fin du mois de mai. Y prendront part pendant plusieurs mois, "certainement jusqu’à fin 2019", des industriels, des associations de consommateurs et des Etats de l’Union européenne. L’Echa étudiera les propositions issues de cette consultation publique courant 2020. A défaut d’une interdiction ou d’une réduction des substances allergènes, l’Anses espère au moins pouvoir forcer les entreprises à mettre en place un meilleur étiquetage. "Il faut trouver une manière de prévenir les allergies, et d’informer les consommateurs avant qu’ils achètent" conclut  Christophe Rousselle.