Le variant BA.2 peut-il relancer l’épidémie de Covid ?

BA.2, le "sous-variant" d’Omicron dévoile peu à peu ses caractéristiques : contagiosité, sévérité… Faut-il avoir peur de BA.2 ? Que sait-on de ce sous-variant ? Décryptage.

Dr Anne Sikorav
Dr Anne Sikorav
Rédigé le , mis à jour le
Le variant BA.2 peut-il relancer l’épidémie de Covid ?
Le variant BA.2 peut-il relancer l’épidémie de Covid ?  —  Shutterstock

On le sait, l’arrivée de nouveaux variants peut faire basculer une nouvelle fois le cours de l’épidémie : un des sous-variant d’Omicron, le "BA.2", est scruté de près. 

Devenu majoritaire en Inde ou au Danemark, le sous-variant BA.2 est minoritaire en France mais le nombre de cas progressent. Pour preuve, il représentait 4,5 % des contaminations le 24 janvier et 10,7  % le 31 janvier, selon les derniers chiffres officiels. 

Omicron, BA.1, BA.2, de quoi parle-t-on ?

Le nom "Omicron" est un terme générique qui désigne plusieurs sous-variants de virus très proches. Parmi eux : le BA.1, qui reste prédominant, mais aussi le BA.2 et le BA.3.  

Pourquoi BA.2 inquiète-t-il ? Parce qu'il compte plusieurs mutations différentes de la version d’Omicron originelle, notamment sur la protéine "Spike", qui est située à la surface du virus et qui joue un rôle majeur dans l'infection des cellules humaines. 

Une contagiosité plus importante

Pour les chercheurs, il n'y a pas de doute. Le sous-variant BA.2 apparaît plus contagieux que le BA.1. Au Danemark, le Statens Serum Institut (SSI), qui surveille la circulation du virus, estime ainsi que "BA.2 est 30 % plus transmissible que BA.1".

Qu'en est-il du risque de contagion au sein d’une même famille ? Dans des travaux menés par des chercheurs danois en prépublication, il est montré que si une personne de votre foyer est infectée par le BA.2, il y a un risque global de 39 % qu'un autre membre du foyer soit infecté au cours de la première semaine. En revanche, si la personne est infectée par le BA.1, le risque n'est que de 29 %. 

Autre étude menée au Royaume-Uni, où le BA.2 est en augmentation. Selon les données recueillies par l'Agence de sécurité sanitaire (HKUSA), BA.2 serait aussi plus transmissible que BA.1 au sein d’un même foyer, avec des taux de 13,4 % pour BA.2 contre 10,3 % pour BA.1. 

Pas plus de formes sévères

Omicron provoque en général des maladies moins graves que les autres variants du Covid. "Nous ne voyons pas de différence en termes de sévérité entre BA.2 et BA.1”, déclarait le Dr Maria Van Kerkhov, le 17 février dernier, épidémiologiste à l'OMS. 

Les premières données sont aussi rassurantes. Le Statens Serum Institut danois note qu’il n’existe "pas de différence entre BA.1 et BA.2 en terme d’impact sur les hospitalisations". Il en est de même, au Royaume-Uni, où les rapports sur les chiffres d’hospitalisation sont identiques. En France, le même constat se profile : "BA.1 et BA.2 présentent une sévérité similaire", selon Santé publique France.

Globalement, il n’y a pas de différences en termes de sévérité quand on regarde les pays où BA.2 est dominant et ceux où BA.1 est dominant. - OMS, rapport du 15 février 2022 

Il n’y aurait donc a priori pas plus de formes graves, ce qui constitue une bonne nouvelle. Et c'est d’autant plus rassurant que les traitements par anticorps monoclonaux ne semblent pas fonctionner face au nouveau variant BA.2, selon une étude américaine en pré-publication.  

Des questions en suspens

BA.2 n’a pas fini de révéler tous ses mystères, et plusieurs interrogations persistent. Une des questions concerne l’immunité apportée par les vaccins : si on est déjà vacciné contre le coronavirus, est-on plus résistant face à ce nouveau variant ? 

La protection procurée par les vaccins serait similaire face à BA.1 et BA.2, selon un rapport du Royaume-Uni : "Après deux doses, l'efficacité était de 9 %  pour BA.1 et 13 % pour BA.2. Ce chiffre est monté à 63 % pour BA.1 et 70 % pour BA.2, deux semaines après le rappel" notent les auteurs.

Même s’il est plus transmissible, BA.2 ressemble au variant originel Omicron. Mais attention, la levée des restrictions associée au relâchement des gestes barrières va-t-elle faire réapparaître une nouvelle vague de contamination ? Affaire à suivre. 

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