REPENSER LA PREVENTION ?
À 12 ans, presque un enfant sur deux est atteint de caries. Mais 6% d'entre eux seulement concentrent la moitié des dents cariées… Et ce n'est pas le fait du hasard ou de la génétique. Les enfants d'agriculteurs, d'ouvriers, de chômeurs, ceux qui habitent en ZEP ou en zone rurale, ont plus de caries que les autres.
Et si on s'intéresse aux adultes, le constat est similaire, plus les revenus sont faibles, plus le renoncement à la prévention et aux soins bucco-dentaires est élevé. Pas de surprise.
Pourtant la carie, c'est l'exemple même de l'affection en grande partie évitable. Avec deux gestes médicaux simples : le brossage des dents et le détartrage.
Le premier incombe à chacun d'entre nous. Mais qui sait qu'une brosse à dent n'est efficace que deux mois ? Certes il ne s'agit pas d'un budget colossal, environ 6 euros par an et par personne… mais quand on est à l'euro près, on sait que c'est d'abord la santé et l'hygiène qui sont sacrifiées.
Alors pourquoi par exemple ne pas réfléchir à faire rembourser par l'Assurance Maladie les brosses à dents et surtout apprendre correctement aux enfants à s'en servir… dès l'école ? Pourquoi ne pas instaurer le brossage des dents après la cantine ? Voilà un acte de santé publique simple et peu coûteux… Il est probable que ce serait un investissement rapidement rentable pour la Sécu.
Deuxième soin de base : le détartrage. Un acte simple qui permet d'éliminer la plaque dentaire qui finit toujours par se déposer. Il est pratiqué par les dentistes… en tous cas ceux qui le veulent bien… Le prix d'un détartrage (28,92 euros tarif fixé par l'Assurance Maladie) est tellement faible au regard du temps passé – en moyenne une demi-heure - que certains praticiens ne veulent plus s'en occuper… et préfèrent se concentrer sur des couronnes, plus rémunératrices. Mais ces couronnes ne sont généralement que la conséquence de dents mal brossées, mal détartrées…
Bref, c'est un échec de la prévention que l'Assurance Maladie prend alors partiellement en charge… et ça lui coûte beaucoup plus cher, à elle, comme au patient…
B.T