Migraine : les espoirs de l'immunothérapie

La migraine touche un adulte sur 5 et s'avère très handicapante, notamment en cas d'inefficacité des traitements. L'immunothérapie s'avèrerait alors prometteuse.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Migraine : les espoirs de l'immunothérapie
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Si de nombreux patients sont soulagés par les traitements de la crise migraineuse (anti-inflammatoires et triptans), d'autres nécessitent un traitement de fond pour réduire la fréquence des crises et les prévenir. En cas d'échec thérapeutique, une nouvelle classe de médicaments pourrait s'avérer très intéressante si l'on en croit les résultats de 4 essais cliniques de phase 3 (phase qui compare l'efficacité au traitement de référence ou à un placebo, sur une plus large population). Les 4 médicaments testés relèvent de l'immunothérapie et ils s'administrent en une injection mensuelle ou trimestrielle. Il s'agit d'anticorps monoclonaux dits "anti-CGRP" parce qu'ils s'attaquent au Calcitonin-Gene-Related-Polypeptide (ou à son récepteur). Le CGRP est une substance sécrétée lors de la migraine, qui se fixe sur un récepteur et devient un médiateur majeur de l'inflammation et de la douleur. En se fixant soit à ce peptide soit au récepteur, le cycle de l'inflammation et de la douleur est interrompu et les crises empêchées ou diminuées.

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Un effet de longue durée

"Les anticorps mononclonaux vont obtenir un blocage de longue durée. Ce sera un traitement de fond, agissant pendant un mois", explique le Dr Valade, neurologue. Chaque mois, le patient recevra une injection sous-cutanée.

L'erenumab, le galcanezumab et l'eptinezumab agissent sur le CGRP, tandis que le fremanezumab se fixe sur le récepteur à CGRP. Ils semblent avoir une efficacité similaire. Mais les trois premiers ont été testés chez des patients présentant jusqu'à 6 crises par mois. "Le fremanezumab a été testé chez des patients présentant des migraines épisodiques à haute fréquence, pouvant aller jusqu'à 12 par mois, ajoute le neurologue. Il présente la réduction la plus importante du nombre de jours avec migraine."

L'indication principale de ces anticorps a déjà été validée et concerne l'algie vasculaire de la face, affection particulièrement douloureuse pour lequel peu de traitements sont disponibles. Les migraines devraient en bénéficier également.

Un effet de longue durée et peu d'effets secondaires

"L'observance a l'avantage de résider en une piqûre par mois et ils ont peu d'effets secondaires", reprend le Dr Valade. Deux qualités essentielles pour des traitements chroniques : les effets indésirables sont souvent un frein au traitement et si le mode d'administration est contraignant, les patients ont tendance à ne pas le suivre. Mais ces traitements ne sont pas miraculeux selon le médecin : "Ils ne fonctionnent pas de façon extraordinaire par rapport aux antimigraineux. Ils seront réservés aux patients en échec thérapeutique et ce sera bien pour les patients non observants ou ceux qui font beaucoup de crises."

Les essais cliniques terminent les phases 3. Quant à savoir quand les médicaments seront disponibles, le Dr Valade ne se perd pas en conjectures : "Personne ne peut répondre à cette question. Ils sortiront dans le monde dans deux ans probablement. En France, on sait que l'autorisation de mise sur le marché peut prendre un an mais elle ne veut rien dire car le prix va compter…Par exemple, les triptans sont sortis en 1990 et le 1er est sorti en France 7 ans plus tard…"  Selon le Dr Valade, il a été décidé que le coût accepté ne dépasserait pas, ou seulement un peu, celui du plus cher des antimigraineux, le topiramate (qui se situe aux alentours de 100€). La bataille des prix s'annonce rude et la patience semble donc de mise...

Une affection handicapante et coûteuse...

SI la migraine est souvent minimisée par l'entourage, elle est classée parmi les 20 affections les plus invalidantes par l'OMS, l'organisation mondiale de la santé. Elle est également coûteuse sur un plan sociétal puisque 20 millions de journées de travail sont perdues chaque année, à cause d'elle... (source : Fédération nationale de neurologie).