De son nez coulait… le liquide dans lequel baigne le cerveau

Des examens ont révélé à une patiente américaine qu’une partie de son liquide céphalorachidien s’évacuait par son nez. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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De son nez coulait… le liquide dans lequel baigne le cerveau
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Au début des années 2010, Kendra Jackson, quarantenaire résidant au Nebraska, est victime un grave accident de voiture, au cours duquel sa tête a heurté le tableau de bord. Elle souffre d’un traumatisme crânien.

Deux ans et demi plus tard, un événement a priori anodin survient : elle a la "goutte au nez". Rhume ? Allergie ? Les médecins qu’elle consulte lui prescrivent des anti-histaminiques, sans effet.

Au fil des mois, le symptôme s’aggrave, puisque lorsqu’elle s’endort dans une position qui évite au liquide de s’écouler dans sa gorge, elle se réveille avec les vêtements trempés… Environ un demi-litre de liquide s’écoulait ainsi quotidiennement.

Un diagnostic surprenant

Les années passent sans que nul n’identifie l’origine de ce symptôme, jusqu’à la fin de l’hiver 2018. Au cours d’une consultation à l’établissement médical Nebraska Medicine, le personnel hospitalier qui la prend en charge comprend qu’il ne s’agit pas d’un écoulement nasal normal, et l’hypothèse d’un phénomène rare, mais pas inédit, est évoqué. Les fluides sont prélevés pour analyse, qui confirment l’intuition des médecins : il s’agit de liquide céphalo-rachidien, ce liquide clair et incolore qui entoure et protège le cerveau et la moelle épinière.

En temps normal, ce liquide produit en continu dans le cerveau est évacué vers la circulation sanguine au travers d’une des membranes du cerveau, appelée la dure-mère. Les examens rapidement effectués ont permis d’identifier une importante fêlure dans une structure osseuse située dans le haut de la cavité nasale, par lequel gouttait le liquide présent dans la cavité crânienne.

Une opération a permis de combler le trou, en utilisant des tissus mous de la cavité nasale ainsi que de la graisse.

Un évènement rare, mais pas inédit

Selon les estimations de l’association britannique CSF Leak, qui se consacre à sensibiliser le public à ce phénomène, il concerne environ une personne sur 20.000, à des degrés divers. Sur cette question, un grand nombre d’études de cas sont recensés dans la littérature médicale.

Le Dr Christie Barnes, rhinologue et chirurgienne à Nebraska Medicine, a confié aux journalistes de CNN que l’accident de voiture est très vraisemblablement à l’origine de la fêlure. Celle-ci se serait élargie au fil du temps avec la pression exercée par le liquide.

Le médecin souligne que les fuites de liquide céphalo-rachidien peuvent mettre la vie des patients en danger lorsque celles-ci sont trop importantes, et augmentent le risque d’infections, comme celles conduisant à des méningites

La chirurgie n'est pas toujours nécessaire

Les fuites de liquide céphalo-rachidiens sont le plus souvent liées à des antécédents de traumatisme crânien, de tumeur, ou consécutives à des opérations chirurgicales de la cavité nasale. Des évènements spontanés, c'est-à-dire sans cause connue, sont également rapportés dans la littérature médicale.

La prise en charge de tels écoulements peut passer par un repos prolongé, avec limitation des efforts réalisés par le patient, et un drainage du liquide céphalorachidien dans la région lombaire afin de faire décroître la pression dans le crâne. Si la zone lésée ne se résorbe pas, l’intervention chirurgicale s’avère nécessaire.

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