Felix Baumgartner : saut de l'extrême réussi... de justesse !

Il l'a fait ! Après cinq longs jours d'attente, l'exploit initialement prévu le mardi 9 octobre, l'autrichien Felix Baumgartner a réussi son saut en parachute à une altitude record de plus de 39 000 mètres, le 14 octobre 2012. Outre le record du plus haut saut en chute libre, l'aventurier autrichien a épinglé deux autres records à son tableau et pas des moindres : celui de la plus haute altitude atteinte par un homme en ballon et celui de la vitesse en chute libre, 1 137 km/h pour franchir le mur du son.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
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Felix Baumgartner : saut de l'extrême réussi... de justesse !

Felix Baumgartner vient de graver son nom dans l'histoire comme le premier homme supersonique. Au terme d'environ 2h30 d'ascension dans une capsule accrochée à un ballon d'hélium, "Félix sans peur" s'est élancé, tête la première, dans le noir et le froid (- 60 °C) de la stratosphère, à une hauteur de 39 000 m d'altitude.

C'est après quelques dizaines de secondes de chute libre que le parachutiste a franchi le mur du son en atteignant la vitesse record de 1 137 km/h soit 1,24 fois la vitesse du son, selon les responsables du saut. Le parachutiste expérimenté de 43 ans s'est trouvé en chute libre pendant quatre minutes et 19 secondes avant l'ouverture de son parachute, la chute en tout a duré 9 minutes et 3 secondes.

L'ancien militaire de 43 ans s'est montré imperturbable durant son ascension et, pas même un problème de chauffage à l’intérieur de la capsule qui provoquait de la buée sur sa visière ne lui a fait perdre son calme. Avant de s'élancer dans le vide, l'autrichien a déclaré : "Je sais que le monde entier est en train de regarder et j'aimerais que vous voyiez ce que je vois... Parfois il faut monter très haut pour comprendre à quel point on est petit".

Felix Baumgartner a évité de justesse les risques mortels

"La sortie a été parfaite, mais ensuite j'ai commencé à être très secoué", a expliqué le parachutiste. "Je me disais que j'allais réussir à contrôler la chute, mais quand j'ai pris de la vitesse, c'est devenu vraiment violent, et pendant quelques secondes j'ai cru que j'allais perdre conscience". "Heureusement, j'ai réussi à stopper ça. Cela a été très difficile, beaucoup plus difficile que nous ne le pensions".

Felix Baumgartner a échappé de peu à une perte de connaissance, loin d'être le seul risque auquel il se confrontait. En effet, une forte accélération propulse une grande quantité de sang depuis les membres inférieurs jusqu'au cerveau. La pression sanguine augmente alors dans les yeux et le cerveau, ce qui provoque le phénomène du "voile rouge", (le pilote voit à travers un brouillard rouge). Si la force d'accélération augmente, elle peut entraîner la rupture de petits vaisseaux sanguins dans les yeux et, si elle se prolonge, peut causer une hémorragie cérébrale et le décès.

Red Bull Stratos : un saut dans quel but ?

Talentueuse opération de marketing ou avancée scientifique ? Les avis divergent. Ce qui est sûr : le saut n'a pas été supervisé et financé par un organisme de recherche, mais par un sponsor privé, Red Bull, leader incontestable des boissons énergisantes.

Grande habituée des événements sportifs extrêmes comme le crushed ice (patinage sur un parcours contenant des sauts, pentes et virages serrés), le flugtag (saut d'un promontoire avec un engin volant confectionné de ses mains) et le cliff diving (saut du haut d'une falaise), Red Bull a construit son image loins des stratégies marketing habituelles et des medias.

Le saut de Felix Baumgartner est un des plus éloquents exemples de la stratégie marketing Red Bull. Cependant, risquer la vie d'un homme pour une simple opération publicitaire était impossible. Sous couvert de la science, l'impossible est devenu possible.

Constamment rappelée et valorisée sur le site de la mission Red Bull Stratos, la recherche scientifique serait la principale motivation à ce projet fou de saut à 39 km de haut. Ainsi, Felix Baumgartner souligne sur le site de la mission : "Red Bull Stratos nous offre l'opportunité de recueillir des information qui pourraient contribuer au développement de mesures de survie pour les astronautes, les pilotes et, pourquoi pas, les touristes de l’espace de demain". Il ajoute : "Prouver que l’homme est capable de dépasser la vitesse du son dans la stratosphère et de revenir sur Terre serait une étape vers la création de procédures de sauvetage dans l’espace proche qui n’existent pas pour le moment."

A y regarder de plus près, certains concèdent un intérêt scientifique à la mission. Comme un ancien astronaute de la Nasa, Leroy Chio. Il a expliqué sur CNN que les technologies développées pour la combinaison "seront incorporées dans les futures combinaisons spatiales".

Le pari est en tout cas réussi : plus de sept millions de personnes ont regardé en direct le saut de l'extrême et des millions devraient suivre. La marque n'a pas fini de se donner des ailes…

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