Royal baby : pourquoi les Françaises restent-elles plus longtemps à la maternité que Kate Middleton ?

Au Royaume-Uni, le retour au domicile des femmes venant d’accoucher se fait quelques heures seulement après la naissance de l’enfant. Sur notre territoire, les femmes restent généralement 2 à 3 jours à la maternité. Une particularité qui tient à l’organisation de notre système de santé mais que rien ne justifie sur le plan strictement médical.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Royal baby : pourquoi les Françaises restent-elles plus longtemps à la maternité que Kate Middleton ?
©GettyImages

A peine avait-elle donné naissance à son bébé royal que Kate Middleton sortait de la maternité, son enfant dans les bras, pour regagner son confortable domicile. Rien d’étonnant, cependant, puisqu’au Royaume-Uni, les femmes rentrent chez elles le jour même de l’accouchement. A la différence de la France où, même lorsque la mère et l’enfant se portent bien, le retour au domicile ne se fait qu’au bout de deux ou trois jours.

Pourtant, les sujets britanniques ne sont pas moins à risque, sur le plan médical, que les citoyens français. Qu’est-ce qui peut donc expliquer ces différences ?

Des soins possibles à domicile

A priori, rien ne différencie la situation de Kate Middleton de celle de n’importe quelle française, si ce n’est la taille de son coffret de naissance et l’organisation du système de soin de son pays.

La France pourrait tout à fait s’inspirer de la situation d'outre-Manche et « réduire à 24 voire 12 heures le temps d’hospitalisation de la mère et de son enfant », souligne le Dr Thierry Harvey, gynécologue-obstétricien et chef de service de la maternité des Diaconesses, à Paris. Hors situation médicale délicate, évidemment, et à la condition de ne pas les « lâcher dans la nature ».

« Un accouchement en ambulatoire est tout à fait possible en France, à condition d’être extrêmement encadré, donc organisé», ajoute le Dr Harvey. Ce qui n'est pas encore le cas. Sur le plan strictement médical, l’essentiel de la surveillance du nourrisson peut se faire à domicile, avec l’aide d’une sage-femme et/ou d’une puéricultrice, qu’il s’agisse des soins primaires, des soins du cordon pour éviter les infections, du désencombrement des narines et de la vérification de la bonne capacité du bébé à téter ou à bien prendre son biberon.

Quant au contrôle de l’évolution du poids du bébé et à la détection d’une jaunisse du nourrisson (ou ictère du nouveau-né), ils ne nécessitent que de disposer d’une balance et d’un appareil, le bilirubinomètre transcutané. « Un appareil dont il est tout à fait possible d’équiper une sage-femme», souligne le Dr Harvey. Même chose pour la mère : la surveillance des suites de l’accouchement peut parfaitement être effectuée au domicile par une sage-femme.

Organiser le réseau ville-hopital

Mais cette sortie précoce de la maternité ne peut se faire qu’à la condition qu’une ré-hospitalisation, si elle est nécessaire, soit immédiatement possible. « Cela implique que le service de départ, celui où la femme a accouché, soit à la fois responsable de la sortie de la mère et de l’enfant mais également de l’organisation de sa sortie, et de leur ré-hospitalisation en cas de besoin», précise le gynécologue-ostétricien. Si le bébé perd plus de 10% de son poids de naissance et/ou si un ictère survient, ou bien en cas de pertes de sang pour la mère, par exemple.

Pour le Dr Harvey, « il faut repenser le modèle hospitalier tel qu’il existe actuellement, changer les pratiques des professionnels de santé en les formant et organiser le réseau ville-hôpital », c’est-à-dire le lien entre les structures de santé intervenant en ville et l’hôpital. « A Montréal, au Québec, les sages-femmes qui interviennent à domicile ont tout le matériel nécessaire pour une intervention en cas d’urgence », ajoute-t-il.« Le coffre de leur voiture est un véritable hôpital ».

En France, la multiplication des maisons de naissance peut être vue comme un premier pas vers un modèle "à l'anglaise". Quant aux accouchements à domicile, « c’est un acte militant, estime le gynécologue-obstétricien, mais qui doit impérativement être réorganisé ».