Comment utiliser la lumière pour traiter un trouble du sommeil ?

Il existe sur le marché plusieurs appareils et gadgets utilisant la lumière contre les troubles du sommeil et favorisant l’endormissement. Mais sont-ils réellement efficaces ?

Farah Kesri
Rédigé le , mis à jour le

Au CIRCSOM, centre international de recherche sur le sommeil à Strasbourg, l'effet de la lumière sur les patients est particulièrement étudié pour mieux comprendre la physiologie du sommeil et ses dérèglements. 

Derrière ces fenêtres, le sommeil est au cœur de toutes les attentions. Le Pr Bourgin est le responsable de ce centre de référence unique en France. Pour percer les mystères de nos nuits perturbées, il a conçu avec son équipe des chambres d’hospitalisation un peu particulières. 

Une expérience "hors du temps"

"C’est une chambre dans laquelle on est en absence de tout repère temporel. Tout est contrôlé, la température, le bruit, l'humidité, l'éclairage. Que se soit l'intensité, que ce soit la couleur de lumière, le moment auquel on administre cette lumière, la durée d'administration... Tous ces paramètres sont contrôlés" explique le Pr Bourgin, chef de service, centre des troubles du sommeil CIRCsom. 

Même la lumière qui parait blanche a des bienfaits, c'est justement celle-ci qui va être utilisée pour cette patiente.  

"Notre patiente présente un syndrome de retard de phase, cependant dans son cas son syndrome est particulièrement sévère puisque son rythme est complètement inversé. Elle vit la nuit et dort la journée. 

L'objectif est l'adaptation de l'environnement lumineux. Utiliser la lumière comme outil thérapeutique où elle s'exposerait à la lumière au bon moment de la journée et par contre il faudrait qu'elle évite à d'autres moments une exposition aberrante à la lumière" précise le Dr Ulker Kilie Hük, somnologue, centre des troubles du sommeil CIRCsom.

Des repères temporels perdus

Au lieu de laisser la patiente dormir le jour comme elle le fait habituellement, l’équipe la réveille à intervalle régulier. Son rythme de sommeil doit être réinitialisé. 

"Curieusement je ne sais pas du tout quelle heure il est et où en en est..." précise Hélène Uhry, patiente.

Isolée dans cette chambre, Hélène a perdu tous ses repères temporels. Sa maladie, le syndrome de retard de phase a chamboulé sa vie il y a 25 ans.  

"Du jour au lendemain, dormir la journée était absolument nécessaire, je ne pouvais même pas faire autrement. Dans la vie quotidienne rien n’est possible", commente Hélène.

De la luminothérapie et un traitement de mélatonine

Ces prélèvements sont effectués toutes les heures qu'Hélène soit éveillée ou endormie. Car ils sont réalisés à distance dans ce sas attenant à la chambre des patients. 

Le cortisol est normalement sécrété le jour pour déclencher l'éveil. La mélatonine est libérée la nuit pour veiller à notre bon sommeil. Chez Hélène, ses sécrétions hormonales sont totalement inversées.  

Pour que cette patiente retrouve un sommeil plus ou moins normal, l’équipe va décaler son endormissent de 3 heures chaque jour. Ce n’est pas tout, le spectre de lumière auquel elle sera exposée sera modulé en fonction de l’heure de la journée. 

Après 10 jours d’hospitalisation, Hélène suivra son ordonnance sommeil et repartira avec une lampe de luminothérapie et un traitement de mélatonine.