Cinq idées reçues sur la grossesse

Est-il vrai que les femmes enceintes ont toutes des nausées et des hémorroïdes ? Les rapports sexuels sont-ils à bannir pendant neuf mois ? Le point sur les idées reçues qui entourent la grossesse.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Toutes les idées reçues sur la grossesse
Toutes les idées reçues sur la grossesse  —  Allodocteurs - Newen France

Sexualité, nausées, signes d'alerte, alcool... Les préjugés plus ou moins farfelus autour de la grossesse sont nombreux. Le Docteur Jimmy Mohamed décrypte cinq idées reçues fréquentes. 

Il faut éviter les rapports sexuels pendant la grossesse

FAUX. Les rapports sexuels pendant la grossesse ne sont pas déconseillés. Vous êtes évidemment libres d'avoir des rapports sexuels ou non pendant la grossesse. Ce choix dépend de plusieurs paramètres et doit toujours se faire avec le consentement des deux partenaires.

Pour autant, les rapports sexuels ne posent aucun problème. Une inquiétude fréquemment émise est que le pénis touche la tête du bébé pendant le rapport. Aucun risque, car le bébé est bien protégé par le placenta, dans l'utérus, au-delà du vagin et du col de l'utérus.

Néanmoins, certaines situations appellent à la vigilance lors des rapports sexuels. C'est le cas notamment lorsqu'il existe une menace d'accouchement prématuré - c'est-à-dire lorsqu'il y a un risque que la grossesse survienne avant le terme théorique - mais aussi lorsqu'il y a une anomalie au niveau du placenta ou encore du col de l'utérus. Dans ces situations, il est préférable d'en parler à son médecin, à son gynécologue ou à sa sage-femme.

Autre inquiétude souvent évoquée :  le risque de deuxième grossesse lorsqu'on est déjà enceinte. Pendant la grossesse, l'ovulation s'arrête. Il n'existe donc aucun risque de "deuxième bébé", même si vous avez de multiples rapports.

Parfois en fin de grossesse, les médecins recommandent d'avoir des rapports sexuels pour préparer à l'accouchement. Pour quelle raison ? Parce que le sperme contient des prostaglandines qui favorisent la contraction de l'utérus et par conséquent l'accouchement éventuel. 

Une femme enceinte a forcément des hémorroïdes

NI VRAI NI FAUX. Les hémorroïdes pendant la grossesse sont effectivement plus fréquentes, pour plusieurs raisons. Déjà, pendant la grossesse, le foetus qui grandit et qui prend du poids appuie de plus en plus sur le périnée. Résultat : le centre de gravité est alourdi. Les organes pèsent plus lourds et il y a plus de pression.
Ajoutez à cela la constipation qui survient à cause des hormones, vous avez le cocktail parfait pour avoir des hémorroïdes, qui peuvent être très douloureuses.

Mais la douleur des hémorroïdes n'est pas une fatalité : des solutions existent pour les soulager. Les médecins peuvent prescrire des médicaments antidouleurs compatibles avec la grossesse ou des crèmes anti-inflammatoires. Essayez également de régulariser le transit en luttant contre la constipation pour limiter les hémorroïdes, notamment en consommant des aliments riches en fibres, en buvant suffisamment d'eau et en pratiquant une activité physique régulière.

Qui dit grossesse dit nausées

FAUX. Toutes les femmes enceintes n'ont pas de nausées. Certaines n'ont aucune nausée pendant toute leur grossesse, d'autres vomissent du premier jour jusqu'à la fin du premier trimestre.

Quelques pistes peuvent expliquer cette inégalité. Plus une femme fabrique d'hormones pendant sa grossesse, plus le foetus s'accroche correctement et plus le risque de nausées augmente. Souffrir de nausée serait donc "presque" positif et serait associé à un risque inférieur de faire une fausse couche.

Si vous êtes le conjoint ou la conjointe d'une femme enceinte qui souffre de nausées, ne lui dites surtout pas "ça va passer, ne t'inquiète pas, attend la fin du premier trimestre". Car imaginez avoir une gastro-entérite avec des nausées et des vomissements pendant trois mois... c'est insupportable. Accompagnez-la plutôt et soutenez-la. 

Les médecins pourront également proposer des traitements ou des solutions aux femmes enceintes qui souffrent de nausées. Parmi eux figurent le gingembre, un anti nauséeux reconnu par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui peut aider à combattre les nausées de grossesse. En revanche, les médicaments ne sont pas très efficaces. Les médecines dites alternatives comme l'acupuncture ou encore l'hypnose sont parfois recommandées. L'hypnose est en effet validée comme traitement des nausées du premier trimestre chez la femme enceinte. 

Attention, si vous vomissez en permanence, une consultation s'impose car il existe alors un danger pour vous ou votre bébé. Si les nausées et vomissements s'accompagnent d'une impossibilité totale de s'alimenter, avec une perte de poids de 5 à 10%, les médecins parlent d'hyperémèse gravidique. Il s'agit d'une urgence vitale, qui nécessite le plus souvent une hospitalisation pour perfuser, hydrater et surveiller les femmes enceintes qui en souffrent.

Les saignements durant la grossesse sont toujours graves

VRAI ET FAUX. Un saignement pendant la grossesse peut être grave mais seul un examen médical permettra de le savoir. 

La gravité du saignement dépend de la cause. La consigne est donc toujours la même : si vous avez des saignements, il faut consulter. Appelez votre médecin ou votre sage-femme, et s'ils sont indisponibles, allez aux urgences.

Le saignement peut parfois s'expliquer par un petit décollement du placenta qui n'est pas très grave mais qui nécessite simplement du repos. Dans d'autres cas, le saignement peut être beaucoup plus grave. Pour le savoir, il faut réaliser un diagnostic grâce à une échographie et à un examen gynécologique.

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Enceinte, on peut boire un petit verre d'alcool, ça ne craint rien

FAUX. Entre la femme enceinte et le foetus, le placenta joue un rôle d'interface. Ce placenta nourrit le foetus et le protège de ce qui se passe à l'extérieur. Le problème est que ce placenta est une barrière qui n'est pas totalement hermétique. Certaines substances dangereuses pour le foetus arrivent à la franchir, comme les médicaments ou l'alcool.

Or le foetus est incapable de transformer l'alcool. Donc un seul verre d'alcool durant la grossesse peut avoir des répercussions graves et définitives sur le cerveau du bébé à naître. C'est ce qu'on appelle le syndrome d'alcoolisation fœtale. Il regroupe l'ensemble des malformations favorisées par la prise d'alcool et correspond à la première cause de handicap mental non génétique de l'enfant.

Le problème est que les scientifiques ne connaissent pas la quantité minimale d'alcool qui peut provoquer ce syndrome. Pour certaines femmes, le risque existe à partir d'un seul verre d'alcool. Le principe de précaution s'applique donc et exige de respecter la règle de "zéro alcool pendant la grossesse".