Le sport, c’est bon pour la santé, à condition ne pas en faire qu’un seul

Une étude américaine montre que les lycéens qui se spécialisent dans un seul sport, sans en pratiquer d’autres, ont plus de risques de blessures sur les membres inférieurs que leurs camarades dont l'activité sportive est plus variée.

La rédaction d'Allo Docteurs
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La spécialisation à outrance dans un sport augmente le risque de blessures.
La spécialisation à outrance dans un sport augmente le risque de blessures.

Pour être expert dans n’importe quel domaine, il suffirait d’accumuler 10.000 heures de pratique. Une théorie proposée en 2008 par le Canadien Malcolm Gladwell dans son livre Outliers, et qui a par la suite souvent été remise en question.

Avérée ou non, cette idée que la spécialisation à l’extrême fonctionne continue d’avoir des adeptes, notamment dans le sport. Mais une étude, présentée dimanche 23 juillet lors de la Rencontre annuelle de la Société américaine d’orthopédie et de médecine du sport (AOSSM), tend à démontrer que cette spécialisation augmente le risque de blessures.

Des chercheurs de l’université du Wisconsin aux États-Unis ont analysé la pratique sportive pendant une année académique (2015-2016) de 1.544 lycéens âgés en moyenne de 16 ans. Soit un groupe "suffisamment large et varié de lycéens sportifs", selon le professeur Timothy McGuine, l’un des auteurs.

Les participants ont dû remplir un questionnaire permettant de connaître leur pratique sportive, leurs blessures passées et de déterminer leur niveau de spécialisation dans un sport. Ce niveau était classé en trois catégories : bas (60% des participants), modéré (27%) et haut (13%). Le football était avec 22% le sport qui comptait le plus de "mono-pratiquants", des sportifs qui ont disputé 60 compétitions ou plus au cours de l’année dans leur sport de prédilection.

"Proposer des activités sportives plus variées"

A la fin de la période d’étude, 281 individus, soit 15% du groupe, avaient subi une blessure aux membres inférieurs, ce qui les a forcés à s’arrêter en moyenne pendant sept jours. Ils souffraient principalement des chevilles, des genoux et des cuisses.

Résultat : ne pas diversifier son activité implique forcément un risque de blessure plus grand. Même les lycéens au niveau modéré de spécialisation dans un sport possédaient un risque 50% plus grand de se blesser que ceux qui se spécialisent peu. Ce taux était encore plus élevé, 85%, dans le groupe d’athlètes qui pratiquent quasi-exclusivement leur sport.

Plus que l’augmentation du nombre d’heures de pratique sportive, c’est surtout le fait de n’en pratiquer qu’un seul qui accroît le risque de se faire mal. "Les fédérations sportives, les écoles, les entraîneurs et les médecins doivent alerter les enfants et leurs parents sur ces risques, et devraient proposer des activités sportives plus variées", recommande Timothy McGuine. Pour rester en bonne santé, il vaudrait mieux écouter ces conseils. Et ranger définitivement la théorie des 10.000 heures au placard.