L’exposition foetale au bisphénol A liée à des troubles du comportement

L'exposition des femmes enceintes au bisphénol A (BPA) est associée à un sur-risque de troubles du comportement chez les garçons de 3 à 5 ans, selon une étude qui confirme des travaux antérieurs.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Une nouvelle étude de l’Inserm vient renforcer les soupçons sur les effets d’une exposition in utero au bisphénol A sur le comportement de l’enfant. Ces travaux, portant sur 529 mères et leurs petits garçons, suggèrent de possibles effets pour quelques autres substances, mais ces autres résultats attendent encore d’être répliqués.

Les chercheurs ont pris en considération une liste de phénols et de phtalates dont les effets sur le système endocrinien humain sont suspectés (ou confirmés), au regard de recherches sur des cellules ou sur des animaux de laboratoire. Durant la grossesse des participantes, un échantillon d'urine a été prélevé pour détecter l'éventuelle présence de ces substances. Après la naissance des enfants, diverses caractéristiques de leur comportement ont été évaluées à l’âge de 3 ans (pour 529 garçons) et de 5 ans (pour 457 garçons), en utilisant des échelles standardisées.

Le BPA sort du lot

Du fait de la petite taille de la cohorte, une forte incertitude est attachée aux résultats, qui interdit de se prononcer sur les effets de plusieurs des substances étudiées (si l’effet existe il est trop faible pour être détecté).

Une substance sort toutefois clairement du lot : le bisphénol A. Dans son cas, les résultats sont bel et bien statistiquement significatifs. Extrapolés à la population générale, les données collectées durant l’étude montre une relation entre l’élévation du taux de BPA détecté dans les urines et un sur-risque de troubles comportementaux mesurables. Le doublement du taux de BPA mesuré entraîne un effet faible, mais statistiquement notable, sur le « score » de problèmes relationnels et le « score » d’hyperactivité à 5 ans.

Autres substances, autres soupçons

L’exposition à des phtalates tels que le MnBP sont associés à un sur-risque de « comportement internalisé » à 3 ans (idem pour le DEHP) ou de problèmes relationnels à 5 ans.

Pour le triclosan, de nombreux résultats sont à la limite de la significativité statistique. Les données ne permettent pas de dire si le sur-risque est nul ou augmenté, mais une tendance semble marquée pour divers facteurs chez l’enfant de 3 ans.

Pour d’autres phénols considérés (parabens, benzophénone-3, dichlorophénols) et des phtalates (MEP, le MiBP, le MCPP, le MCOP), l’étude ne met pas en évidence d’effets comportementaux négatifs. Les chercheurs notent que l’exposition à une substance comme le MCNP est associé à une réduction du risque d’hyperactivité à 3 ans – suggérant, là encore, que ces molécules interagissent bien avec le système endocrinien humain, avec des effets mesurables.

Mais les chercheurs se veulent prudents. Si leurs observations sur le bisphénol A vont dans le sens de travaux antérieurs, les autres résultats doivent être interprétés avec précaution, et appellent à être répliqués.

Comme le précise l’AFP dans une dépêche, l’une des limites de l'étude réside dans le fait que les femmes enceintes n’ont fait l'objet que d'un seul prélèvement d'urine. Dans une nouvelle étude, de échantillons d'urine en plus grand nombre seront recueillis durant la grossesse et les premières années de l'enfant. Cette autre étude concernera également les petites filles.

la rédaction d'Allodocteurs.fr