Deux tiers des adolescents sont trop sédentaires, alerte l'Anses

Les adolescents ne pratiquent pas assez d’activité physique selon un rapport de l'Anses, et cela peut avoir des conséquences désastreuses pour leur santé. Les explications d’un cardiologue médecin du sport et d’une psychologue.

Lucile Boutillier
Rédigé le , mis à jour le
Deux tiers des adolescents sont trop sédentaires, alerte l'Anses

Depuis 2015, la tendance à l'inactivité des adolescents s’accentue dangereusement. Mais elle s'est encore aggravée pendant le premier confinement, durant lequel les ados passaient en moyenne dix heures de plus par semaine à pratiquer une activité sédentaire. Pour éviter une rechute pendant le deuxième confinement, l’Anses tire la sonnette d’alarme.

Selon l’agence sanitaire, 66% des 11-17 ans passent plus de deux heures par jour sur les écrans alors qu’ils passent moins d’une heure par jour à pratiquer une activité physique. 17% des adolescents atteignent des seuils plus sévères, avec 4h30 d’écran pour moins de 20 minutes d’activité physique par jour.

L’Anses relève également que le niveau de sédentarité est plus élevé chez les adolescents de 15 à 17 ans, mais aussi chez les filles et chez les jeunes issus de milieux moins favorisés.

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Des risques physiques à long terme

Pourtant, selon le cardiologue et médecin du sport Laurent Uzan, c’est en grande partie à l’adolescence que l’on crée son potentiel musculaire. « On atteint notre plein potentiel cardiaque à 25 ans », précise le médecin. « Ensuite, il s’agit de le maintenir. »

La sédentarité favorise le diabète, l’obésité, les problèmes cardiaques et même articulaires. « Les complications cardiaques se construisent sur du très long terme », explique encore le Dr Uzan. « Dès l’âge de 20 ans, on peut créer des plaques de cholestérol dans les artères. C’est pour cela que c’est fondamental pour les enfants de mettre en place une activité physique. » 

« Le sport et l’activité physique limitent le stress », indique également le cardiologue. « Cela aide à prévenir beaucoup de pathologies liées au stress comme l’hypertension, ou peut-être même le burn-out. »

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Quelle activité physique pendant le confinement ?

Pour aider votre adolescent à se défouler pendant le confinement, Laurent Uzan conseille de ne pas le forcer à faire du sport. « Dire à un ado d’aller courir alors qu’il n’en a pas envie, c’est compliqué. S’il peut faire du vélo, du skate, du roller, c’est bien. Au minimum, il faut mettre son ado dehors une heure par jour pour s’aérer la tête. »

Et une fois le confinement terminé, le cardiologue préconise les activités d’endurance : « Foot, tennis, entraînements de sports de combat, ce qui fait bouger et accélérer le coeur. Il faudrait que ça dure 30 minutes au moins. Plus c’est régulier, mieux ça marche. »

Des implications psychologiques 

Pour Vanessa Lalo, psychologue spécialiste des usages numériques, il faut éviter de stigmatiser le recours aux écrans. « Du moment qu’on a une activité physique, l’écran en lui-même n’est pas néfaste », explique-t-elle. « Ce qui est néfaste, c’est de se retrouver beaucoup trop d’heures de suite à ne rien faire physiquement. On a tendance à trop taper sur les pratiques des jeunes alors que les adultes font la même chose … »

Mais si le recours au numérique devient compulsif, il faut s’inquiéter : « Une surdose de stress peut générer plus d’écran, car on s’y réfugie pour ne pas penser et s’anesthésier. C’est un symptôme et pas un syndrome : il faut s’inquiéter de la cause, et pas du numérique en soi. »

La psychologue s’inquiète d’ailleurs beaucoup pour les adolescents en cette période : « Je ne serais pas étonnée par une grosse prévalence de dépression chez les adolescents, actuellement ou dans les mois à venir. Ce n’était déjà pas évident de se projeter, et la Covid vient encore plus questionner l’avenir. Ces ados sont entravés dans leurs constructions. L’adolescence est un moment clef où tout se construit. »