Le bio est-il vraiment meilleur pour la santé ?

Une étude américaine, parue lundi 3 septembre 2012, et déjà controversée, tend à prouver que le bio ne présente pas d'avantages particuliers pour la santé des consommateurs.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le
Le bio est-il vraiment meilleur pour la santé ?

Un pavé dans la mare du bio, c'est ainsi que l'on pourrait définir la nouvelle étude américaine sur les bénéfices des aliments biologiques pour la santé. "En dépit des idées reçues, nous n'avons pas pu prouvé que les produits bio présentaient de réels avantages nutritifs comparés aux aliments dits conventionnels", explique Crystal Smith-Spangler, directrice de l'étude réalisée à l'université de Stanford, et publiée dans les Annales de la médecine interne.

Les chercheurs ont passé au peigne fin 240 études sur le sujet. Dix sept s'attachaient aux différences de qualités nutritionnelles entres les aliments bio et les autres, tandis que 223 comparaient les niveaux de pesticides et de bactéries dans les deux types de produits.

Le résultat est étonnant : aucune différence nutritive, et, encore plus stupéfiant, les chercheurs n'ont trouvé aucune preuve concernant les risques sanitaires que pourraient représenter les produits non issus de l'agriculture biologique. Selon l'étude, "il est très inhabituel de trouver une surdose de résidus de pesticides chez les consommateurs de produits conventionnels", car le taux de pesticides dans ces aliments reste en dessous des limites fixées par les autorités sanitaires.

Une viande bio plus saine

Néanmoins, les produits non biologiques présentent 30 % de plus de chances d'être contaminés par les pesticides, comparés aux aliments bio. Sans compter le risque (33 % plus élevé) de consommer des antibiotiques présents dans certaines viandes comme le porc ou le poulet. Utilisés afin d'accélérer la croissance des animaux, ces méthodes exposent le consommateur à des risques de résistances aux antibiotiques. L'étude révèle également que le taux d'oméga 3 serait plus élevé dans le poulet et le lait bio.

Une étude très controversée

Les réactions ne se sont pas faites attendre et les critiques ont fusé de toute part. Les scientifiques accusent les chercheurs de ne pas s'appuyer sur les mêmes bases que les études déjà réalisées. Les résultats sont également remis en cause, puisqu'ils vont à l'encontre d'études précédentes. En 2010, une équipe de chercheurs américains aurait prouvé que le taux de vitamine C serait plus élevé dans les fraises biologiques.

Un enjeu économique  

Le débat risque de se poursuivre longtemps, surtout lorsque l'on considère les enjeux économiques de l'agriculture biologique. Le Dr Bravata, une des auteurs de l'étude, explique que les gens achètent bio pour diverses raisons : les effets des pesticides sur les enfants, l'impact environnemental de l'agriculture conventionnelle, et le risque de résistance de la population aux antibiotiques, et concède que "ces arguments sont tout à fait valides". Le Dr Smith-Spangler ajoute que "s'attaquer au bio est complexe, plusieurs facteurs entrent en jeu, dont les questions économiques".

Aux Etats-Unis, l'agriculture biologique représente un marché de 31,4 milliards de dollars (24,9 milliards d'euros) en 2011 contre 3,6 milliards (2,9 milliards d'euros) en 1997.

Sources :
- "Organic food: no better for you, or the planet", Michael Marshall, New Scientist, 4 septembre 2012.
- "Organic food: nutrition study leaves health question unanswered", Flora Malein, The Guardian, 5 septembre 2012.

En savoir plus