L'urticaire de l'hiver : une allergie au froid ?

Si certains se réjouissent dès les premiers froids, d'autres resteraient bien à l'abri sous leur couette, de peur de voir une urticaire apparaître. L'allergie au froid est-elle une réalité ? Quels sont ses symptômes ? Comment la soigner ?

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
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Image d'illustration  —  Shutterstock

Une température un peu basse et voilà qu'apparaissent des plaques rosées, similaires à des piqûres d'ortie, et des démangeaisons sur chaque partie du corps exposée au froid. Ce sont les symptômes de l'urticaire au froid, mieux connue des patients sous le nom d'allergie au froid, un terme peu adapté selon le Dr Claudie Mouton, allergologue.

Le test du glaçon

"Il y a confusion, les patients parlent d'allergie au froid mais les allergologues considèrent que ce n'est pas une allergie, développe-t-elle, car si le mécanisme fait bien appel aux cellules qui interviennent dans les mécanismes allergiques, les mastocytes, il n'y a pas de libération d'immunoglobulines E spécifiques au froid". Or la définition même de l'allergie à un produit implique que des immunoglobulines E spécifiques à ce produit soient libérées.

Relativement rare, l'urticaire au froid représente 2% des urticaires chroniques et touche surtout les sujets jeunes. Elle est le plus souvent anodine et se limite à des signes cutanés. "Dans de rares cas, lors de changement brutal de la température (lors de l'immersion brutale dans une eau très froide par exemple), la crise d'urticaire est associée à un malaise avec hypotension ou à des signes digestifs à type de diarrhée et/ou vomissements, mais c'est exceptionnel", précise l'allergologue.

Le test diagnostique de cette affection porte un nom qui tombe de soi : le test au glaçon. Il consiste à poser un glaçon sur la peau et à guetter l'apparition de l'urticaire sur la zone exposée au froid, dans un temps variable selon le patient, de 30 secondes à plusieurs minutes. Bonne nouvelle, si l'affection peut apparaître brutalement à l'âge adulte, elle peut aussi disparaître quelques années plus tard.

Du bon sens et des antihistaminiques en traitement

Ceux qui pensaient passer l'hiver bien au chaud chez eux en seront pour leur frais : la prise en charge de l'urticaire au froid se limite à des conseils préventifs et éventuellement un traitement antihistaminique.

La protection contre le froid reste le premier traitement et il est bien évidemment inutile de fêter le début de l'année par un bain de mer en Normandie... "On recommande avant tout d'éviter les chocs thermiques ou les glaces très froides qui peuvent provoquer un angio-œdème, anciennement appelé oedème de Quincke, qui traduit un gonflement au niveau de la gorge. Des antihistaminiques sont prescrits aux patients les plus gênés par leurs symptômes". Ils sont à prendre durant la crise et parfois en traitement de fond tous les jours, durant quelques mois, voire quelques années.

En cas d’antécédent de choc, pas de question de se précipiter sans sa trousse de secours dans une situation à risque (en l'occurrence une eau glacée quand il fait très chaud) ! Elle comporte une injection d'adrénaline, à administrer d'urgence en cas de réaction grave.

Et que ceux qui sont las de ressembler à un bibendum à force de s'emmitoufler se consolent : ils ont une excuse toute trouvée pour partir en vacances sous des cieux plus cléments et surtout plus chauds !

En savoir plus

Une origine plus grave mais rare... Selon le Dr Mouton, dans 5% des cas, l'urticaire au froid peut révéler une pathologie plus grave comme une maladie thyroïdienne, une carence importante en magnésium ou une atteinte par un virus (mononucléose, hépatite, VIH,…).