L'Ultra-Trail du Mont-Blanc® : les dangers du dopage amateur

Le dopage, un phénomène qui n'épargne pas le milieu des sportifs amateurs, est aussi au centre des préoccupations des organisateurs de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc®. Cette course, qualifiée par certains de "surhumaine", réunit plus de 2 000 sportifs non professionnels pour une grande majorité.

La rédaction d'Allo Docteurs
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L'Ultra-Trail du Mont-Blanc® : les dangers du dopage amateur
Ultra-Trail 2012 - Vers le Sud en direction du Col Chavanne
Ultra-Trail 2012 - Vers le Sud en direction du Col Chavanne

Ne pas tomber dans "l'angélisme"

"Il ne faut pas être naïf et rester lucide. Notre discipline, bien que basée sur des valeurs fortes liées à la nature, n'échappe pas au dopage", selon Catherine Poletti, directrice de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc® (UTMB) à quelques jours du départ de la 10e édition, vendredi 29 août 2012.

Considéré comme l'une des courses en montagne les plus difficiles au monde avec ses 168 km et ses 9 600 mètres de dénivelés positifs avalés en 46 heures maximum, l'UTMB® procède depuis 2008 à ses propres contrôles antidopage auxquels s'ajoutent ceux de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).

En 2011, le vainqueur, l'Espagnol Kilian Jornet, a bouclé ce tour du Mont-Blanc, ponctué du franchissement d'une dizaine de cols à plus de 2 000 mètres d'altitude dans trois pays (France, Suisse, Italie), en 20 heures 36 minutes et 43 secondes.

Si aucun des prélèvements sanguins réalisés par le comité d'organisation s'est révélé positif, la direction qui ne dispose pas des résultats effectués par l'AFLD, seule habilitée à prononcer des sanctions à l'encontre des coureurs, refuse de tomber dans "l'angélisme".

Méconnaissance et dangers

La course ne reverse aucune prime aux gagnants et la très grande majorité de ses participants sont inconnus du grand public et sans sponsor, mais la tentation d'améliorer artificiellement ses performances, "existe quel que soit son niveau dans n'importe quelle discipline", insiste Dorian Martinez, psychologue du sport. "L'argent ne suffit pas à expliquer le dopage. On veut être la star auprès de ses voisins, de sa famille, c'est avant tout un besoin de reconnaissance", analyse de son côté Catherine Poletti.

Avec "Internet qui permet de se procurer des produits plus facilement" et "l'explosion depuis dix ans du marché des compléments alimentaires, dont un sur six contient des substances dopantes", selon Dorian Martinez, le phénomène a "pris de l'ampleur". Et la plupart des contrôles positifs résultent d'une méconnaissance des produits interdits.

Si le "compétiteur professionnel va jouer avec les limites du règlement qu'il connaît bien pour parfois le contourner, le compétiteur amateur, lui, fera des erreurs grossières parce qu'il se sent moins concerné et se dit qu'il ne se fera pas contrôler", relève Catherine Poletti.

Le comité d'organisation met ainsi en garde : "La prise de substances dopantes peut aggraver ou déclencher de nombreux problèmes tels que coup de chaleur d’exercice, rupture tendineuse ou musculaire, fracture de fatigue, pathologie cardiaque."

"Le danger du dopage pour un pratiquant amateur qui prend des corticoïdes, des amphétamines ou encore de la cocaïne est de couper les signaux d'alerte comme la douleur et la fatigue, et d'aller au-delà de ses possibilités jusqu'à l'accident cardiovasculaire", alerte Michel Rieu, co-auteur en juin d'un rapport de l'Académie de médecine sur les dangers du dopage pour la santé publique.

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