Malbouffe : "Il faut passer la vitesse supérieure" selon la Fédération Française des Diabétiques

La Fédération Française des Diabétiques s'indigne du manque de courage du gouvernement face aux industriels de l'agroalimentaire. Selon l'association, la politique de lutte contre la malbouffe n'est pas à la hauteur des enjeux.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
"Nutrition : le coup de colère des diabétiques", entretien avec Claire Desforges, responsable des affaires publiques à la Fédération Française des Diabétiques
"Nutrition : le coup de colère des diabétiques", entretien avec Claire Desforges, responsable des affaires publiques à la Fédération Française des Diabétiques

Récemment, les députés ont retoqué une série de mesures pour mieux informer les consommateurs de la qualité nutritionnelle des aliments et lutter contre l'obésité. Seule avancée pour la Fédération Française des Diabétiques : le logo Nutri-score, qui classe les aliments selon leur teneur en sel, en gras et en sucre, sera obligatoire pour tous les supports publicitaires en 2021. Les explications de Claire Desforges, responsable des affaires publiques de la Fédération Française des Diabétiques.

  • Pourquoi estimez-vous que le gouvernement joue un double-jeu sur la lutte contre la malbouffe ?

C. Desforges : "Effectivement, de manière affichée avec la stratégie nationale de santé, le gouvernement dit vouloir protéger les plus jeunes. Et, parallèlement dans cette proposition de loi, il retoque tous les amendements qui vont dans ce sens. Le gouvernement privilégie des arbitrages économiques qui protègent les enjeux économiques des industriels et les enjeux de santé publique passent dans un second temps. Et malheureusement, ce sont les consommateurs et les patients qui trinquent." 

  • Vous réclamez plus d'actions éducatives à destination des enfants et des adolescents pour lutter contre l'obésité. Pourquoi avez-vous l'impression de ne pas être soutenus ?

C. Desforges : "Des mesures pourraient être prises pour protéger les enfants. Tout d'abord, avec une éducation à la santé dès la maternelle et dès la primaire obligatoire. Le gouvernement répond que dans les cours de géographie ou d'éducation physique, c'est déjà le cas. On est assez dubitatif face à cet argument. Parallèlement à ça, il est nécessaire de protéger les plus jeunes face à un marketing social agressif, en interdisant par exemple les célèbres jouets qu'on peut trouver dans les paquets de céréales ou dans les oeufs en chocolat."

  • Les actions de prévention sont-elles suffisantes dans les établissements scolaires ?

C. Desforges : "Aujourd'hui, dans le système scolaire, on ne va pas assez loin. On parle de sciences et vie de la terre, on ne parle pas d'éducation à la santé. On ne dit pas aux enfants comment adopter une alimentation saine, comment le sport est différent de l'activité physique au quotidien. C'est la raison pour laquelle avoir une heure dans la semaine dédiée à ces problématiques serait nécessaire pour lutter contre l'épidémie d'obésité. Mais aussi le diabète qu'on peut voir aujourd'hui se développer."

  • Vous proposez de rendre obligatoire le Nutri-score sur les emballages et sur tous les supports publicitaires. Ce logo est-il efficace pour lutter contre l'obésité ?

C. Desforges : "C'est l'un des outils, mais pas le seul, pour aider le consommateur à s'aiguiller entre les produits. Il permet de savoir entre deux produits identiques, lequel est le plus sain pour la santé. C'est surtout intéressant pour les produits transformés. Par exemple, entre deux paquets de céréales, sans le Nutri-score, le consommateur n'a aucune aide pour savoir quel est le plus sain. Il est d'autant plus important de le rendre obligatoire qu'on voit aujourd'hui des industriels de l'agroalimentaire développer des logos parallèles qui n'ont pas de validité scientifique. Encore la semaine dernière, Disney a lancé un logo sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires. Or, en l'étudiant, on voit que des produits classés comme bons, sont en réalité à classer dans le Nutri-score D ou E."

  • Selon vous, le gouvernement est-il trop incitatif, et pas assez coercitif, avec les industriels ? 

C. Desforges : "Il faut passer la vitesse supérieure. Effectivement, les industriels ont voulu jouer le jeu, en incitatif et c'est très bien. Mais aujourd'hui, il y a une part marginale des industriels, et notamment américains, qui ne veulent pas jouer le jeu. Par exemple, pour le Nutri-Score. Et pour ceux-là, il faut être coercitif et rendre obligatoire ce Nutri-score."