Un fœtus pétrifié depuis 40 ans dans le ventre d’une Colombienne

Selon la presse colombienne, des examens radiologiques réalisés sur une femme de 82 ans, admise dans un hôpital de Bogota le 9 décembre 2013 à la suite de violentes douleurs abdominales, ont révélé qu’elle était porteuse d’un fœtus, sans vie depuis environ 40 ans. Un phénomène rare, mais qui a connu des précédents très bien documentés.

Florian Gouthière
Rédigé le
Radiographie du lithopédion de la colombienne de 82 ans diagnostiquée le 9 décembre (crédit photographique : Tunjuelito Hospital, Bogota, Colombie)
Radiographie du lithopédion de la colombienne de 82 ans diagnostiquée le 9 décembre (crédit photographique : Tunjuelito Hospital, Bogota, Colombie)
Détail d'un lithopédion conservé par les archives médicales militaires des États-Unis. Celui-ci est resté 55 ans dans le ventre de sa porteuse. (Source : Otis Historical Archives of ''National Museum of Health & Medicine'' cc-by-sa)
Détail d'un lithopédion conservé par les archives médicales militaires des États-Unis. Celui-ci est resté 55 ans dans le ventre de sa porteuse. (Source : Otis Historical Archives of ''National Museum of Health & Medicine'' cc-by-sa)

A l’issu d’un examen aux ultrasons, puis d’une radiographie de l’abdomen d’une colombienne de 82 ans, les médecins ont découvert que celle-ci était porteuse d’un lithopédion, c’est à dire un fœtus pétrifié.

Ces lithopédions se forment lorsqu’un fœtus, qui s’est développé dans la cavité abdominale – et non dans l’utérus (1) – meurt à un stade avancé de son développement.

Or, l’organisme de la femme qui le porte ne parvient pas toujours à assimiler ce corps. Dans ce cas, un processus de momification débute, accompagné de la calcification progressive, totale ou partielle (voir encadré), du fœtus et des "annexes fœtales" (placenta, sac amniotique, cordon ombilical).

La gangue de calcium qui se forme protège l’organisme de la mère de l’infection par celui du fœtus mort. C’est la raison pour laquelle la plupart des porteuses de lithopédions ignorent la survenue du phénomène, pouvant présumer avoir fait une fausse couche. Certaines ignorent même l'existence de la grossesse abdominale initiale.

La patiente de l'hôpital Tunjuelito de Bogota doit être opérée dans les jours prochains afin que soit extrait le fœtus pétrifié.

Près de 300 cas de lithopédions recensés

Ce cas colombien, bien que très surprenant, possède quelques précédents. Moins de trois cent cas de lithopédions ont été recensés depuis cinq siècles. Le premier cas décrit est survenu en 1554 à Sens, en France, mais des recherches archéologiques réalisées en 1993 ont conduit à la découverte d’un fœtus pétrifié vieux de 31 siècles.

Un autre cas de lithopédion a été révélé au public en 2013, qui correspond à la plus importante durée de présence d’un tel corps dans l’organisme d’une femme. C’est en effet soixante-cinq ans après le décès du fœtus que sa porteuse, une chinoise de 92 ans, a ressenti des douleurs nécessitant une opération. Celle-ci aurait déclaré avoir eu connaissance de l’existence de ce fœtus dans son organisme, mais avoir été trop pauvre pour pouvoir se faire opérer.

Un cas de fœtus de jumeaux pétrifiés a également été décrit en 2007.

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(1) Environ 2 % des fécondations conduisent à des grossesses extra-utérines. Au lieu que l'œuf ne se loge dans l'utérus, comme dans une grossesse "normale", celui-ci se fixe ailleurs : dans le col de l'utérus, l'ovaire, la cavité abdominale ou le plus souvent, dans l'une des deux trompes.

 

En savoir plus sur la grossesse extra-utérine

Sur Allodocteurs.fr :

Il existe trois formes de lithopédion :

- le "lithopédion vrai" : le fœtus se calcifie progressivement de manière directe, sans ses "annexes fœtales" (placenta, sac amniotique, cordon ombilical) ;
- le lithokélipedion : le fœtus et les annexes subissent ensemble un processus de calcification ;
- le lithokéliphos : seules les membranes fœtales s’épaississent par une calcification progressive.

(Source : Lithopédion évoluant depuis 6 ans compliqué d’une occlusion intestinale aigüe à Madagascar, H. Rasataharifetra et coll. Med Trop 2011)