Pour Noël, des cadeaux (vraiment) empoisonnés ?

Petit papa Noël, quand tu descendras du ciel avec tes jouets par milliers, pourras-tu vérifier qu'ils sont bien sans danger ? En dépit des nombreuses normes qui réglementent le secteur des jeux pour enfants, certains produits commercialisés en France contiennent des substances potentiellement dangereuses pour l'organisme. D'autres joujoux émettent des sons à des niveaux dangereux pour l'oreille... Vilain, vilain père Noël !

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Tous les cadeaux ne sont heureusement pas aussi dangereux que le célèbre ''Energy Lab U-238'', commercialisé en 1951, qui incorporait de vrais fragments de minerai radioactif (polonium 210, uranium 238...) !
Tous les cadeaux ne sont heureusement pas aussi dangereux que le célèbre ''Energy Lab U-238'', commercialisé en 1951, qui incorporait de vrais fragments de minerai radioactif (polonium 210, uranium 238...) !

Chaque fin d'année, les agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) intensifient leurs contrôles sur les produits liés aux fêtes. Une attention toute particulière est apportée aux objets destinés à être déposés au pied du sapin... ce, afin d'éviter que les enfants ne s'étouffent avec un doudou défectueux, ne s'électrocutent en chargeant la batterie d'une petite voiture, ou n'absorbent des substances dangereuses parfois contenues dans des jouets en plastique qui peuvent être mis à la bouche.

Le taux de jouets non conformes (absence du marquage "CE", manuel en langue étrangère par exemple) ou dangereux dans les produits analysés chute continuellement depuis six ans. La proportion s'élevait à 35% en 2007 et s'est graduellement réduite jusqu'à 17,8% en 2012, selon les chiffres de la DGCCRF.

Ces chiffres surévaluent toutefois la proportion exacte de jouets dangereux commercialisés, puisqu'ils ne portent que sur les jouets examinés par l'administration (les contrôles n'étant le plus souvent effectués que s'il existe un soupçon à l'égard du produit).

Jouets toxiques sous le sapin ?

"Nous contrôlons en priorité les nouveautés, car la politique commerciale agressive de certaines marques peut influer sur la qualité des jouets", expliquait en 2013 Jean-Bernard Baridon, directeur de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) de Paris, branche locale de la DGCCRF. "Ceux destinés aux moins de 36 mois, qui sont plus vulnérables et mettent les jouets à la bouche, concentrent aussi toute notre attention."

Certains jouets destinés aux enfants contiennent des substances toxiques, ou classées comme possiblement cancérogènes ou perturbateurs endocriniens : produits ignifugeants, phtalates, bisphénol A, formaldéhyde, métaux lourds… Selon les douanes françaises, interrogées par les journalistes d'Allodocteurs, sur plus de 310.000 jouets déclarés non conformes et dangereux en 2012, 15% ont été classés toxiques après analyses en laboratoire.

Les parents doivent être vigilants

Malgré les efforts soutenus des autorités, il leur est impossible de garantir une absence totale de risques. Chaque jour, environ 2.000 enfants âgés de moins de 6 ans sont victimes d'un accident de la vie courante. Or, nombre de ces accidents surviennent alors qu'ils manipulent des objets spécialement fabriqués pour eux, selon la Commission de sécurité des consommateurs.

"Les parents doivent aussi être vigilants", conseille Jean-Bernard Baridon. "Ils peuvent contrôler l'aspect visuel du jouet en tirant sur les yeux des peluches, ou les bras des poupées, pour vérifier qu'ils tiennent bien, par exemple."

Sur son site Internet, l'Association WECF, très investie sur ce sujet donne des conseils : laver ses jouets, les aérer… Il est également possible de privilégier l'achat de jouets labellisés.

Selon l'administration, certains comportements simples permettent d'éviter la majorité des problèmes évoqués dans ce dossier : privilégier les circuits de distribution classiques, vérifier l'étiquetage français ou européen des jouets (aux normes plus strictes) et éviter de commander sur des sites Internet non reconnus.

Des cadeaux assourdissants

Prudence également avec les jouets sonores ! Car s'ils cassent les oreilles des parents, ces jouets peuvent aussi à long terme avoir des conséquences sur celles des enfants.

Dans le cadre d'une étude réalisée en 2011, des chercheurs en otolaryngologie de l'UC Irvine Medical Center avaient mesuré les niveaux sonores de plusieurs jouets fréquemment achetés, à 25 cm, soit la longueur environ du bras d'un jeune enfant. Tous dépassaient les 90 décibels et plusieurs atteignaient les 100 décibels ou plus. Ce qui est l'équivalent du bruit d'une tronçonneuse, d'une tondeuse ou encore d'une rame de métro…

Une exposition sans protection à des sons supérieurs à 85 décibels, sur une période prolongée, peut être dangereuse. Plus le son est fort, rapproché et répété, plus le jouet bruyant sera susceptible d'entraîner des lésions auditives qui peuvent être définitives.

En France, il existe des normes de sécurité auxquelles les fabricants doivent se conformer, quand le jouet est à une distance de 30 cm environ. Mais l'enfant souvent s'en rapproche dangereusement. Alors un conseil : si vous voulez offrir un jouet sonore, testez-le avant ! Rapprochez-le de vos oreilles, et s'il vous agresse, c'est qu'il est trop bruyant pour l'enfant !

Autre solution, à la fois simple et élégante : optez pour les jouets silencieux !

Article publié le 5 décembre 2013, mis à jour le 19 décembre 2016

En savoir plus sur les jouets dangereux

Tous les objets signalés comme non conforme par un état membres de l'Union Européenne, a fortiori les jouets, sont automatiquement répertoriés sur le site de la Commission européenne, sur la plateforme RAPEX.