La culture de la sécurité peine à s'imposer dans les laboratoires

Une importante étude réalisée auprès de 2.374 chercheurs de toutes nationalités vient alerter sur le manque de formation des jeunes aux questions de sécurité.

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le
La culture de la sécurité peine à s'imposer dans les laboratoires

Les comportements et les pratiques des chercheurs travaillant en laboratoire ne sont pas des modèles du genre. Une étude internationale - inédite - sur la question, réalisée par l'Université de Californie (UCLA), vient d'être publiée début janvier 2013 par la revue scientifique Nature. Ses résultats, chiffrés, sont pour le moins préoccupants.

Près de 46% des chercheurs qui ont répondu à l'enquête expliquent s'être blessés au moins une fois dans leur laboratoire. La nature des accidents sont aussi divers que préoccupants. Ainsi, 24% des accidents impliquent une brûlure thermique ou chimique, et 13% sont associés à une piqûre de seringue. Les risques du métier ?

Des procédures "chronophages et enquiquinantes"

Si tous les laboratoires mettent en place des procédures de sécurité détaillées, les scientifiques sont loin de les intégrer dans leur routine. "Chronophage" et "enquiquinant" sont les termes les plus fréquemment employés pour qualifier les protocoles de sécurité. Une personne interrogée sur cinq juge que les protocoles de sécurité font diminuer leur productivité, et près d'un tiers doute que ces règles améliorent effectivement la sécurité.

Les jeunes chercheurs mal encadrés

L'étude observe par ailleurs que les jeunes chercheurs travaillent, plus que leurs aînés, dans des laboratoires où les expérimentations sont réalisées "en solo". Ainsi 42% des jeunes (contre 26% des scientifiques "seniors") constatent que des manipulations sont quotidiennement réalisées par une personne isolée.

A l'échelle de la semaine, ce taux s'élève même à 72% (contre 53%)... L'étude interroge ainsi le lien entre manque d'encadrement et la difficulté de transmission de la culture de la sécurité : seuls 12% des jeunes chercheurs - trois fois moins que les "seniors" - considèrent aujourd'hui la sécurité comme une question prioritaire.

"Comprendre les disparités [de comportement] est la clef pour faire évoluer la culture de la sécurité", commentent les auteurs de l'étude. S'ils concèdent qu'une enquête sur le ressenti des personnes peut sembler de prime abord "insuffisante", ils se félicitent d'initier ici un débat qu'ils jugent indispensable.

Source : "Safety survey reveals lab risks", Richard Van Noorden, Nature, 02 January 2013.