Fraude sur le prix des lunettes : un opticien sur cinq concerné

Près d'un opticien sur cinq propose une fraude à la complémentaire santé selon l'UFC-Que choisir. Cet arrangement consiste à augmenter artificiellement le prix des verres tout en réduisant celui des montures pour augmenter le remboursement perçu. L'association évalue le montant de cette fraude à 142 millions d'euros par an.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le
Entretien avec Mathieu Escot, responsable adjoint aux études d'UFC Que Choisir
Entretien avec Mathieu Escot, responsable adjoint aux études d'UFC Que Choisir

Une enquête de l'UFC-Que choisir révèle les pratiques "inquiétantes" des opticiens et dénonce leurs "liaisons dangereuses" avec les complémentaires, au moment où le gouvernement entend réguler les prix en plafonnant les remboursements.

Avec un coût moyen de 470 euros, les lunettes sont, en France, parmi les plus chères d'Europe.

L'association de consommateurs a mené son enquête auprès de 1.188 opticiens, soit 10,4% des magasins. Le "client mystère", disant vouloir s'équiper de verres simples, était chargé d'opter pour une monture d'un montant minimal de 140 euros.

Dans le même temps, sans rien solliciter, il devait communiquer à l'opticien la prise en charge maximum de sa complémentaire : 90 euros pour la monture et 390 euros pour les verres. Puis faire valoir que le reste à charge de la monture (soit 50 euros minimum) était trop élevé pour lui.

Les opticiens proposent en premier de s'orienter vers des montures moins chères (28% des cas). Mais près d'un magasin sur cinq (18%) suggère, de manière spontanée, "une fraude à la complémentaire santé" : celle-ci consiste à modifier la facture en majorant artificiellement le prix des verres (pour parvenir au maximum de 390 euros) et en réduisant celui de la monture à 90 euros.

Le coût de cette fraude est évalué par l'UFC-Que Choisir à 142 millions d'euros par an pour les consommateurs.

Autre constat : l'optique se caractérise par des offres promotionnelles "permanentes", souvent sous la forme d'une seconde paire de lunettes gratuite. Or, cette pratique a également "un coût" - répercuté sur le prix de la première paire - évalué à 120 millions d'euros par an pour le client qui perd "de vue le coût réel d'une paire de lunettes".

Les complémentaires ont pris une part grandissante dans le remboursement des frais d'optique - de 56,8 % en 2006 à 71,5 % en 2012 - alors que celle de la Sécurité sociale est devenue marginale. 

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