Feu vert pour une salle de consommation de drogues à Paris

Matignon a donné son feu vert pour tenter l'expérience d'une salle de consommation de drogues à Paris, ont indiqué mardi à l'AFP les services du Premier ministre. En 2012, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait promis des expérimentations "dans le courant de l'année 2013" et confié à la Mildt "une étude de faisabilité" des différents projets. Entretien avec Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Salles de consommation de drogues : Entretien avec Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction
Salles de consommation de drogues : Entretien avec Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction

C'est la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et toxicomanies (Mildt) qui sera chargée de la mise en place de cette expérimentation, avec le ministère de la Santé, a ajouté Matignon, qui n'a pas précisé de calendrier de mise en oeuvre, ni le lieu d'implantation de cette salle dans la capitale.

Actuellement illégales en France, ces salles de consommation de drogues, appelés aussi centres d'injection supervisés, salles de consommation à moindres risques (SCMR) ou "salles de shoot", sont destinées aux toxicomanes de rue, précarisés et en rupture. Elles doivent leur permettre de consommer leurs propres produits dans de bonnes conditions d'hygiène et sous supervision de personnels de santé. Ces lieux reçoivent des personnes "qui n'ont pas d'autres moyens d'accéder aux soins et d'autres moyens de réguler leur occupation de l'espace public par quelque chose qui les met en danger", explique Jean-Pierre Couteron.

"Dans une salle de consommation, il y a des professionnels, des médecins, des infirmières, des éducateurs, des travailleurs sociaux et c'est le fait de côtoyer ces personnes qui finit de donner de l'intérêt à ce dispositif", explique Jean-Pierre Couteron. "Recevoir ces personnes dans ces lieux là ne veut pas dire que l'on banalise les risques pris en usant des substances, au contraire (…), une salle de consommation à moindre risques ce n'est pas un espace d'initiation", précise-t-il.

Les salles de shoot ont déjà fait leurs preuves dans plusieurs pays européens. La Suisse (l'un des premiers pays à avoir expérimenté les salles d'injection), l'Allemagne, le Luxembourg ou encore les Pays-Bas ont créé des centres d'accueil où les héroïnomanes peuvent consommer leurs propres produits dans de bonnes conditions d'hygiène et encadrés par un personnel de santé. Les toxicomanes y bénéficient de kits stériles à usage unique pour éviter la transmission de virus tels que le sida ou l'hépatite C.

Ces structures permettent aux politiques de prévention de toucher plus d'usagers. Dans les pays qui ont adopté ce système, on a constaté plus d'arrêts de consommation de drogues chez les toxicomanes qui fréquentent ces salles.

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