Ethylotest obligatoire : une mesure inutile ?

A partir du 1er juillet 2012, les 36 millions automobilistes français devront s'équiper d'un éthylotest sous peine de se voir infliger une amende de 11 euros. Une mesure politiquement correcte, dont l'efficacité est remise en question.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Ethylotest obligatoire : une mesure inutile ?

"Tout conducteur d'un véhicule terrestre à moteur, à l'exclusion d'un cyclomoteur, doit justifier de la possession d'un éthylotest, non usagé, disponible immédiatement", indique le nouveau décret.

Objectif du gouvernement : faire baisser le nombre de morts sur la route à cause de l’alcool. "L'alcool est à l'origine de 31 % des accidents mortels en France, chiffre qui n'a pas évolué depuis 10 ans, contre 17 % chez les Anglais et 10 % chez les Allemands, nous avons donc une marge de progression importante", explique Jean-Luc Nevache, délégué interministériel à la Sécurité routière.

Amende : 11 euros seulement

L'obligation de posséder un éthylotest dans son véhicule remonte à 1970, mais faute de décret d'application, cette mesure n'avait jamais été appliquée. Désormais, le conducteur qui ne pourra pas présenter lors d'un contrôle un éthylotest neuf devra payer une amende de 11 euros. Pas cher payé si l'on compare aux 135 euros dus pour l'absence du gilet jaune fluo ou du triangle de pré-signalisation.

Pour Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, "c’est une mesure politiquement correcte. Elle ne fâche personne, mais elle ne servira pas à diminuer le nombre de tués à cause de l'alcool. 80 % des automobilistes alcoolisés responsables d'un accident ont un taux supérieur à 1,2 gramme d'alcool. On peut imaginer que ces conducteurs ne se testeront pas. Seuls les conducteurs déjà sensibilisés utiliseront ces éthylotests."

Efficacité ?

L'efficacité des éthylotests chimiques comparée aux éthylotests électroniques a été remise en question à plusieurs reprises par les associations luttant pour la sécurité routière. De plus, ces éthylotests chimiques doivent être conservés à une température inférieure à 40 °C, ce qui n'est pas forcément à facile à appliquer dans une voiture l'été.

De plus, l'automobiliste doit posséder un éthylotest non usagé. Que se passera t-il si le conducteur est contrôlé juste après l'avoir utilisé ?

Le grand gagnant de cette mesure : le fabriquant Contralco, numéro un mondial des éthylotests à usage unique, basée à Gignac dans l'Hérault. L'entreprise fournit déjà entre autres les forces de l'ordre, les associations de prévention et détient 90 % du marché français.

Depuis le 1er décembre 2011, les boîtes de nuits ont l'obligation de mettre des éthylotests à disposition des clients. Des éthylotests anti-démarrage équipent les autocars neufs depuis le 1er janvier 2010 et ils doivent être installés sur l'ensemble du parc pour la rentrée scolaire 2015.

Pour Chantal Perrichon, les seules mesures efficaces pour réduire le nombre de morts sur la route sont le contrôle des limitations de vitesse, l'installation d'un éthylotest anti-démarrage dès le premier délit d'alcoolisation au volant et la mise en place de suivi et de prise en charge des personnes en suspension de permis.

Un éthylotest coûte entre 80 centimes et 1,5 euro, cet équipement a une durée de vie d'environ 2 ans. Et petit rappel : 0,25 mg/l dans l'air expiré représente 0,5 g/l d'alcool dans le sang.

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