De nouveaux médicaments grâce à l'éponge de mer ?

Pour développer de nouveaux médicaments, il faut de nouvelles molécules. Et pour en trouver, les scientifiques explorent depuis longtemps le monde du vivant. À Roscoff certains scientifiques rêvent de pouvoir soigner l'insoignable comme certains cancers, la maladie d'Alzheimer ou encore la trisomie 21, grâce à des coraux ou encore... des éponges de mer. Explications.

La rédaction d'Allo Docteurs
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L'océan, ou plutôt ce qu'il abrite, intéresse de plus en plus les chercheurs. Un monde qui jusqu'à présent était peu exploré. Et si la mer pouvait soigner l'insoignable et nous mener vers de nouveaux traitements ? À Roscoff, les scientifiques y croient dur comme fer. Depuis 2007, une start-up examine des animaux marins comme les éponges de mer afin de percer le secret de leur composition.

À l'échelle de la planète, il existe des milliers d'espèces différentes d'éponges. Une ressource fabuleuse pour qui cherche de nouvelles molécules actives. "Le milieu marin qui contient du sel, du chlorure, mais aussi du bromure va influencer les structures des molécules. Et on aura des substances vraiment différentes de ce que l'on va trouver au niveau végétal", explique Hervé Galons, chimiste et cofondateur de Manros Therapeutics.

L'entreprise a déjà découvert que certaines molécules issues des éponges ou des coraux s'avéreraient très intéressantes pour l'industrie pharmaceutique. Reste pour la société à les évaluer, puis à les synthétiser pour qu'un jour de grands laboratoires développent éventuellement de nouveaux médicaments à partir de ces molécules.

Certaines molécules sont particulièrement intéressantes car elles pourraient bloquer l'apparition de maladies. Chaque cellule du corps humain est composée de plusieurs éléments, parmi eux les kinases. 518 kinases qui agissent comme une sorte de stimulateurs de cellules. Elles donnent envie aux cellules de se multiplier.

Ce sont les défaillances de ces kinases qui favorisent le développement de maladies très différentes. Dans le cas du cancer, le dysfonctionnement d'une kinase peut favoriser la prolifération de cellules tumorales au détriment des saines. Dans le cas de la maladie d'Alzheimer, une kinase peut induire la destruction de cellules essentielles au bon fonctionnement des neurones. Dans leurs éponges, les scientifiques cherchent donc la molécule miracle. Celle qui permettra d'inhiber une kinase défaillante afin de l'empêcher d'agir.

Mais avant qu'un médicament puisse limiter le développement de la maladie d'Alzheimer ou améliorer la déficience intellectuelle de personnes souffrant de trisomie 21, il faut encore compter une dizaine d'années de recherches.