Cellules souches produites avec de l'acide : la revue Nature retire les articles

La revue scientifique britannique Nature a annoncé le 29 juin 2014 son intention de retirer de ses pages deux publications datées de janvier et consacrées aux travaux du Dr Haruko Obokata. La chercheuse est suspectée d'avoir trafiqué les résultats d'une prometteuse étude sur des cellules souches d'un tout nouveau genre.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Haruko Obokota avait affirmé avoir ajouté un composé fluorescent à ses cellules ''STAP'', puis les avoir injectées dans de nombreux embryons de souris. Cet embryon dérivait-il réellement de ces cellules ? L'Institut Riken a conclu à la fraude.
Haruko Obokota avait affirmé avoir ajouté un composé fluorescent à ses cellules ''STAP'', puis les avoir injectées dans de nombreux embryons de souris. Cet embryon dérivait-il réellement de ces cellules ? L'Institut Riken a conclu à la fraude.

C'est un nouveau coup dur pour la chercheuse japonaise Haruko Obokata, désormais plus connue pour sa "fraude scientifique" que pour ses travaux sur les cellules Stap (Acquisition de pluripotence déclenchée par stimulus). La prestigieuse revue scientifique britannique Nature a en effet annoncé le retrait imminent des deux publications consacrées aux travaux sur ces fameuses cellules souches soi-disant produites avec de l'acide. Un désaveu d'autant plus cinglant pour la chercheuse que le retrait d'un article scientifique s'avère un fait exceptionnel qui connaît peu d'antécédents. L'un des plus fameux exemples à ce jour demeure le retrait des travaux du Dr Eric Seralini sur les effets à long terme d'un maïs transgénique (le NK603) par la revue Food and Chemical Toxicology, en septembre 2012.

Ce revirement éditorial constitue un nouveau rebondissement du feuilleton scientifique débuté il y a six mois. Fin janvier 2014, la publication dans Nature des travaux de la chercheuse du centre de recherche Riken de Kobe créait en effet un véritable séisme dans le monde scientifique. Le professeur Obokata clamait alors avoir découvert une méthode d'une simplicité déconcertante permettant de produire des cellules souches à partir de cellules adultes. Baptisées Stap, ces cellules pluripotentes étaient censées être obtenues en plongeant dans un simple bain d'acide sous pression des cellules matures afin qu'elles retrouvent leur état indifférencié. Si la découverte s'était avérée authentique, elle aurait permis une avancée considérable pour la médecine régénérative.

Cellules louches

Une découverte sans doute trop belle pour ne pas éveiller quelques soupçons. Les premiers doutes sont exprimés dès la publication des travaux, au sein même de l'équipe de recherche, par le professeur Teruhiko Wakayama. Très vite ce dernier conteste le contenu des articles au motif qu'une partie des données présentées seraient fausses. La nouvelle provoque un véritable tollé et le 14 février 2014, le centre de recherche Riken ouvre une enquête interne sur ce dossier qui conclut à la présence d'irrégularités et notamment de contrefaçons d'images dans la publication des résultats. Les conclusions de l'enquête remettent en cause l'ensemble des éléments présentés. La chercheuse qui fait alors appel est déboutée par l'Institut début mai.

Au cœur de la tourmente, la jeune chercheuse japonaise a finalement consenti il y a quelques jours au retrait de ces deux articles de la revue Nature. D'autres recherches, impliquant entre autres Haruko Obokata, sont désormais en cours pour tenter de démontrer si les cellules Stap existent ou non. Mais au sein de la communauté scientifique le doute grandit, les cellules produites à l'acide laissant désormais un goût amer aux chercheurs. 

Les précédents volets de l'affaire :