Alzheimer : la stimulation cérébrale pour garder la mémoire

Une équipe canadienne a mis en évidence l’utilisation des électrodes pour stimuler la zone du cerveau impliquée dans la mémoire. Une découverte prometteuse pour tous les malades d’Alzheimer, mais qui n’a pas encore été confirmée.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Alzheimer : la stimulation cérébrale pour garder la mémoire

En France, selon les chiffres de l'Inserm, il y aurait environ 860 000 personnes souffrant de démences de type Alzheimer. Un chiffre qui pourrait atteindre les 2 millions en 2020. Dans cette maladie neuro-dégénérative, les neurones dégénèrent et meurent. Mais en disparaissant, ces neurones, qui servent à programmer un certain nombre d'actions, entraînent la perte de nos capacités. Cela a pour conséquence une perte de mémoire, des troubles du comportement, du raisonnement ou du langage.

Depuis quelques années, les médecins travaillent sur les zones du cerveau qui sont responsables des symptômes de patients atteints de maladies neurologiques, comme celle d'Alzheimer, ou de maladie psychiatriques. C'est notamment en s'intéressant aux centres d'appétit chez les obèses que le Pr. Andres Lozano, neurochirurgien de l'Université de Toronto au Canada, a découvert l'effet que pouvait avoir la stimulation cérébrale profonde sur la mémoire.

Une découverte inattendue

L'histoire est étonnante. Tout avait été essayé pour traiter ce patient qui souffrait d'obésité morbide, quand les spécialistes canadiens ont décidé de recourir à cette méthode de stimulation cérébrale jusqu'alors réservée au traitement de la maladie de Parkinson.

Dans ce cas, la stimulation cérébrale profonde avait pour objectif d'agir sur le centre de satiété pour l'aider à réduire ses apports alimentaires. L'intervention échoue, mais les médecins veulent tout de même vérifier que cette stimulation n'a pas eu d'effets indésirables sur la mémoire. Trois semaines après l'intervention, ils effectuent un test et découvrent que non seulement sa mémoire n'est pas altérée, mais qu'au contraire sa mémoire à court terme s'est améliorée. En voulant agir sur les centres de satiété, les médecins ont aussi stimulé le fornix, une zone impliquée dans la mémoire.

La même chirurgie que pour Parkinson

L'équipe du Pr. Lozano décide alors de lancer un essai clinique sur six patients souffrant d'une forme peu sévère de la maladie d'Alzheimer, connue pour ses effets sur les troubles de la mémoire.

Pendant un an, des électrodes sont implantées dans leur cerveau pour en stimuler des zones précises. Le fonctionnement est le même que pour la maladie de Parkinson pour laquelle la stimulation cérébrale va peu à peu supprimer les tremblements qui caractérisent cette maladie neurologique dégénérative.

Jusqu'à 8 % de volume en plus

A la fin de l'essai, les médecins observent que quatre des malades ont vu leurs troubles cognitifs stabilisés ou ralentis dans leur dégradation.

Mais plus incroyable, ils remarquent une chose étonnante chez deux patients : le volume de leur hippocampe a augmenté, de 5 % chez l'un et 8 % chez l'autre.

Il faut savoir que l'hippocampe est une structure cérébrale elle aussi impliquée dans la mémoire. Cet organe agit comme une sorte de péage en faisant passer les données de la mémoire à court terme en mémoire à long terme.

Chez un adulte jeune elle représente un volume d'environ 3 à 4 cm3. Plus on vieillit, plus le volume de l'hippocampe diminue, d'environ 1 % par an pour une personne âgée en bonne santé, de 3 % pour une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer. C'est cette perte de volume qui entraîne des pertes de mémoire, voire une amnésie totale.

Quelles perspectives ?

Pour l'heure, les travaux du Pr. Lozano doivent être confirmés par un essai de plus grande envergure qui doit avoir lieu sur 50 patients en 2012. Les neurologues souhaitent donc rester prudents. "Il existe aujourd'hui des traitements qui permettent de ralentir l'atrophie de l'hippocampe quand la maladie d'Alzheimer progresse", explique le Dr Marie Sarazin neurologue à l'hôpital La Pitié-Salpêtrière à Paris. "Cette découverte, si elle fonctionne, ouvre de nouvelles perspectives."

Le Dr Denys Fontaine est neurochirurgien au CHU de Nice. Avec le Pr. Philippe Robert, il mène actuellement un essai clinique en s'appuyant sur l'étude canadienne. "La neurostimulation ne pourra pas ressusciter les neurones morts, mais elle pourrait maintenir les neurones en vie et ainsi ralentir la dégradation des capacités mnésiques", remarque-t-il.

Cependant, il s'agit toujours de la phase d'évaluation. "C'est une technique invasive et on n'est pas à l'abri d'une infection du matériel implanté ni d'un risque d'hémorragie intracérébrale, qui est l'ordre de 1 % pour la stimulation cérébrale chez les malades de Parkinson."

Le rapport bénéfice/risque doit donc impérativement être évalué.

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