Accidents de la route : comment les pompiers réalisent une désincarcération

En cas d'accident de voiture, les pompiers doivent agir vite pour extraire les victimes des véhicules. Leur entraînement sur des véhicules récents, plus résistants, est donc primordial. Reportage.

Lucile Degoud
Rédigé le , mis à jour le
Accidents de voitures : des pompiers en formation continue
Accidents de voitures : des pompiers en formation continue  —  Le Mag de la Santé - France 5

Un accident vient d’avoir lieu. Une voiture a violemment percuté un arbre. Le conducteur, seul dans le véhicule, est en état de choc. "On a vérifié la conscience de la victime donc elle est consciente, bien orientée dans le temps et dans l’espace. On a vérifié si elle était ceinturée. L’airbag s’est déclenché, elle n’était pas ceinturée", explique Thomas Szmigielski, sapeur-pompier volontaire au SDIS 95.

S'entraîner pour pallier le stress

Le conducteur souffre d’un traumatisme au niveau du bassin. L’équipe de secouristes doit dégager la victime de la voiture accidentée, ce qui s'appelle la désincarcération. C'est une opération délicate, mais aujourd’hui pour ces pompiers, il s’agit d’un exercice.

"C’est le propre du métier de sapeur-pompier. On va toujours s’entraîner pour quelque chose qu’on ne fera peut-être jamais, mais au moment où on doit le faire, il faut qu’on soit prêt donc pour ça, il faut toujours s’entraîner beaucoup. On aura toujours un stress sur l’intervention et pour pallier ça, l’entraînement est là pour nous concentrer sur la victime et sur les choses à faire", commente Benoît Ancelin, sapeur-pompier, chef de groupe au SDIS 95.

La solidité des véhicules complique la tâche

L'objectif, ce jour-là, est une simulation sur un véhicule récent. Car les voitures actuelles, plus solides, protègent mieux les passagers. Mais, cette résistance peut compliquer le travail des pompiers. Pour aider les secouristes, ce véhicule est équipé d’un "rescue code". Un QR code créé par le constructeur automobile, en collaboration avec les pompiers.

"Ça nous permet d’avoir une fiche d’aide à la décision, c’est une fiche de secours qui nous donne tout le descriptif de tout ce qui est sécuritaire dans le véhicule. On peut voir l’emplacement des batteries, l’emplacement des générateurs de gaz qui déclenchent les airbags, ensuite, on a tout ce qui est acier renforcé donc en cas de découpe, c’est très important", confie Cyrille Boursier, sapeur-pompier et formateur à l'école départementale du SDIS 95.

Sur cette fiche, l’équipe apprend deux informations importantes. Les sièges arrière s’inclinent et un bouton permet de déverrouiller le coffre de l’intérieur. Nul besoin d’utiliser des outils lourds. La victime peut être extraite par l’arrière, en toute sécurité.

"Plus on gagne de temps, plus vite la victime sera à l'hôpital"

"Ça nous permet de gagner du temps sur nos désincarcérations. Plus on va gagner de temps sur le véhicule et travailler sur le véhicule, plus on gagnera de temps sur la victime et plus vite elle sera à l’hôpital", conclut Cyrille Boursier.

En s’entraînant sur des véhicules dernière génération, les pompiers gagnent en efficacité et en rapidité, pour mieux prendre en charge les victimes. La voiture utilisée pour cet exercice n’était pas commercialisable. Elle a été donnée par un constructeur automobile français.

"Il y a plus de 10 ans, tout partait à la casse, c'est ce qui se passe aussi chez les autres constructeurs. Nous, on se dit que ces véhicules-là peuvent avoir une dernière vie. Ils ne sont de toute façon pas vendables, on ne peut pas rouler avec sur route ouverte donc au lieu de les détruire, c'est beaucoup plus intelligent et intéressant de les utiliser de cette dernière façon", explique Claire Petit Boulanger, experte sécurité post crash et incendie Renault.

Chaque année, ce constructeur automobile met plus de 500 véhicules, essentiellement des prototypes, à disposition des pompiers.