Trois questions sur la sexualité après la grossesse

Les femmes enceintes se demandent souvent comment se passera leur sexualité après la grossesse. Délai, contraception et sensations... Voici les réponses à vos questions.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
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Trois questions sur la sexualité après la grossesse
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Quand reprendre une sexualité ?

La sexualité sans pénétration peut être reprise dès que l'envie sexuelle est là. Pour la pénétration, la gynécologue Hélène Jacquemin-Le Vern recommande d'attendre au minimum 2 semaines pour que le col de l'utérus se referme.     

Mais la réponse dépend aussi de la manière dont s'est déroulé l'accouchement (avec ou sans épisiotomie, réalisation d'épisiotomie d'une césarienne, utilisation de forceps) et des désagréments post-grossesse comme les seins douloureux, les pertes de sang ou encore les contractions de l'utérus.   

Une étude publiée dans le British Journal of Obstetrics Gynecology montrait que sans épisiotomie, la sexualité était reprise par 60% des femmes au bout de 6 semaines, tandis que le chiffre chutait à 45% en cas de césarienne, 32% en cas de forceps, d'épisiotomie ou de plaies suturées. Plus de 9 femmes sur 10 reprenaient une sexualité au bout de 6 mois.   

Attention, ces chiffres sont purement indicatifs et font oublier un élément primordial : chaque cas est différent, chaque couple aussi. Il est impératif d'écouter son corps, en lui laissant le temps de cicatriser, un délai qui est variable selon les femmes, et d'être à l'écoute de ses envies. 

A quel moment demander une contraception ?

L'ovulation est rapide. En l'absence d'allaitement exclusif, une contraception est nécessaire dès le 21ème jour suivant l'accouchement d'après la Haute autorité de santé (HAS).     

L'allaitement a des vertus contraceptives, à condition qu'il y ait au moins 6 tétées réparties sur 24 heures, que les tétées ne soient pas espacées de plus de 4 à 6 heures, que le bébé ait moins de 6 mois et que le retour de couche n'ait pas eu lieu. 

Dès que l'allaitement est réduit et s'il n'y a pas de projet de grossesse en vue, une méthode de contraception est indispensable, pilule progestative ou dispositifs intra-utérins (DIU). Elle doit tenir compte du risque de thrombose ou d'embolie, augmenté durant les 42 jours suivant l'accouchement.   

La pilule et l'implant à base de progestatif sont recommandés car ils n'augmentent pas le risque de thrombose. 

Attention, en cas d'allaitement, la pilule oestroprogestative ne doit pas être utilisée durant les 6 mois suivant l'accouchement. Quant aux DIU (stérilets), ils peuvent être posés au bout de 4 semaines.  

Pourquoi les sensations sont-elles différentes ?

Sachez que l'accouchement distend les tissus du vagin, l'orifice vaginal et le périnée. Donc il faut un peu de temps à ces organes et muscles pour retrouver leur taille initiale.

Si les sensations sont diminuées durant les rapports, s'il y a des pets vaginaux et une diminution du plaisir, une rééducation périnéale s'impose pour muscler le périnée. Dans de rares cas, la femme peut avoir l'impression que son vagin est ouvert. On parle alors de "béance vulvaire et vaginale", une indication chirurgicale est possible pour y remédier.  

Autre cas de figure : l'impression durant la pénétration que le vagin est plus serré. Plusieurs hypothèses peuvent l'expliquer, dont la sécheresse vaginale. Elle fait suite à la chute des hormones sexuelles qui peut être compenser par un lubrifiant et un traitement à base d'œstrogènes (ovules pour le vagin et crème pour la vulve). 

L'appréhension de la pénétration peut aussi expliquer la sensation : le stress diminue l'excitation sexuelle, donc la lubrification du vagin et sa dilatation. 

L'épisiotomie est aussi connue pour augmenter le risque de dyspareunie, les douleurs durant les rapports. Il est important d'en parler à son gynécologue ou à un médecin sexologue pour trouver une façon d'améliorer le confort et la sexualité.