La sexualité en 9 lettres : A pour Amour

Cette semaine, la sexualité se pare des couleurs de l'amour avec la lettre A. Transcendant, enchanteur, vibrant, l'amour est une drogue douce grâce à un cocktail d'hormones. Mais sexe et sentiments entretiennent parfois une liaison chaotique...

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
La sexualité en 9 lettres : A pour Amour

Le cœur qui bat la chamade, le corps chaviré de désirs, l'esprit tourné vers un seul être… Nul doute, l'amour est là ! Contrairement aux idées reçues, le cœur n'est pas au cœur de la bataille amoureuse, c'est le cerveau, et plus précisément l'hypophyse, qui dirige la danse.

Un véritable "shoot"d'hormones

L'hypophyse commande la production des hormones, dont celles de l'amour. La première à entrer en jeu est la dopamine ; qualifiée d'hormone de la motivation, c'est elle qui stimule l'envie de revoir celui ou celle que l'on vient de rencontrer. Une voix grave qui fait battre le cœur plus vite, un sourire qui fait craquer, deux inconscients qui se rencontrent et se comblent… Personne ne sait expliquer pourquoi il est tombé amoureux de cette personne précise, mais on sait désormais expliquer comment. 

Avec en premier lieu, la dopamine, qui intervient dans les sensations de plaisir. Elle est produite par le "système de la récompense" dans le cerveau, un système mis en cause dans les addictions. C'est elle qui est responsable de la dépendance ; le plaisir est tellement bon que l'on craque à nouveau pour ce qui le produit ! Ainsi l'amour s'apparente-t-il à une drogue douce : les endorphines, les "hormones du plaisir" font baigner le cerveau dans un bain de bonheur, à l'écoute de la voix aimée, après un moment ensemble, ou encore après l'orgasme ! Elles confortent l'action de la dopamine, pour rendre encore plus amoureux et dépendant.

La sérotonine, elle, est secrétée pour donner cette impression délicieuse de bien-être. La sérotonine comme les endorphines ont un effet anti-stress appréciable, tandis que la dopamine et les endorphines aident à lutter contre la douleur. La lulibérine, est l'hormone des préliminaires, car elle pousse à rechercher les contacts physiques et les caresses. Tandis que la PEA, ou phényléthylamine, est l'hormone de la passion, elle produit une bouffée d'euphorie et d'optimisme.

Autre ingrédient du cocktail hormonal : l''ocytocine. Celle-ci est primordiale pour assurer l'attachement entre deux êtres : les amants la produisent lorsqu'ils passent du temps ensemble, se caressent ou s'embrassent. Elle a un effet sur le stress qu'elle diminue, tout comme les endorphines. Dans le cerveau, les zones de la critique sont désactivées un certain temps, expliquant la tolérance béate aux défauts de l'autre.

Un cocktail à durée limitée

Mais l'action de ces différentes hormones ne dure pas et la passion amoureuse n'a qu'un temps. Frédéric Beigbeder n'avait pas tort lorsqu'il intitulait son cynique roman "L'amour dure 3 ans", de Lucy Vincent*, chercheuse au CNRS, chiffrait cette période entre 18 et 36 mois en moyenne.

Plus le temps passe, plus l'on s'habitue à ce qui nous transportait auparavant, tout simplement parce que le système de récompense se lasse et produit moins de dopamine. Les récepteurs aux endorphines se désensibilisent, les zones de la critique se réveillent et un regard plus lucide amène parfois des déceptions. Heureusement, l'ocytocine est là pour compenser : si la passion diminue, l'attachement s'accentue. La relation amoureuse évolue, fondée sur la tendresse, la complicité, les points communs, l'humour, ou encore les projets élaborés ensemble. Si ce cap est fatal à certains couples, d'autres le transforment en une relation mature, qui n'est pas forcément moins riche en plaisirs…

Quand les sentiments libèrent…

Un couple se définit habituellement par la sexualité et par les sentiments. Le terme "relation sexuelle" implique d'ailleurs ces deux aspects, même si aujourd'hui il qualifie davantage l'aspect sexuel. Mais les deux amant.e.s ne partagent pas une partie de tennis ou un café : ils.elles s'imbriquent l'un dans l'autre, échangent des fluides intimes, produisent des hormones qui les lient l'un à l'autre. Que l'échange avec l'autre dure 2 heures, 1 an ou 20 ans, il peut être vécu dans une grande intensité, en conjuguant corps et esprit. Toutefois, il est certain que l'attachement et l'amour naissent davantage avec le temps, le coup de foudre étant rare.

Et lorsque le sexe est vécu dans les sentiments, il se révèle vraiment meilleur pour de nombreux êtres humains. Les sentiments les apaisent et les libèrent ; ils offrent une relation vécue comme plus globale et plus complète. C'est la rencontre de deux corps, deux inconscients, deux parcours de vie. La mise en commun de toutes ces facettes, physiques, émotionnelles et intellectuelles fait toute la richesse d'une relation.

Accepter une certaine vulnérabilité et une certaine dépendance est alors nécessaire pour en jouir pleinement. Les couples apprennent alors à se connaître et à évoluer à deux. Sur le plan sexuel, ils apprennent à connaître leurs corps, découvrent les façons de faire jouir l'autre, de lui offrir ces extases si précieuses, qui consolident la relation grâce à la production d'ocytocine. La boucle est bouclée et le couple de plus en plus attaché…

*La chimie de l'amour. Lucy Vincent. Editions 22,90 € (7,90€ en poche)  

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