Implants Essure : les retirer pour améliorer la santé des femmes ?

Les implants contraceptifs Essure, portés par près de 200.000 Françaises, seraient à l’origine de nombreux effets indésirables. 10% d’entre elles auraient déjà choisi leur explantation chirurgicale pour tenter de diminuer ces symptômes.

Laurène Levy
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration. Visualisation sur une radiographie de l'abdomen de deux implants Essure.
Image d'illustration. Visualisation sur une radiographie de l'abdomen de deux implants Essure.  —  Crédits Photo : © Allodocteurs - 17juin Media

Douleurs abdominales, articulaires, musculo-squelettiques et pelviennes, saignements utérins, fatigue, troubles de la mémoire… La liste des symptômes décrits par de nombreuses femmes porteuses d’implants de contraception définitive Essure® est longue.

Autorisés en France dès 2002, ces implants ont fait l’objet d’un arrêt de commercialisation en 2017. Mais près de 200.000 femmes en sont porteuses dans notre pays et 750.000 dans le monde. A ce jour, selon le groupement EPI-Phare, plus de 22.000 femmes auraient procédé à un retrait des implants, ou explantation. Cette opération nécessite, selon les cas, une salpingectomie (ablation des trompes) avec ou sans cornuectomie (ablation des cornes utérines), et/ou une hystérectomie (ablation de l’utérus).1 Mais est-ce que cette technique chirurgicale fonctionne bien et améliore-t-elle durablement la santé des femmes ?

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Une amélioration dans 70 à 80% des cas

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a réuni le 1er octobre 2020 des médecins spécialistes et des associations de patients pour faire le point sur les bénéfices des explantations.

Premier rappel rassurant de l’agence sanitaire : "la majorité des femmes porteuses de l’implant ne ressentent pas de symptôme". De plus, le lien entre les symptômes décrits par les porteuses d’Essure® et les implants est encore "incertain" note l’agence.
Mais ce qui est sûr, c’est que le retrait des implants améliore "dans la plupart des cas" la santé et la qualité de vie des femmes qui souffraient d’effets indésirables. Ainsi, en moyenne, selon les différentes études menées dans les hôpitaux français, entre 70 et 80% des femmes explantées vont durablement mieux après l’opération.

En finir avec l’errance médicale

"Maintenant il faut comprendre pourquoi les symptômes persistent chez les 20 à 30% de femmes restantes et comment faire pour qu’elles aillent mieux" appuie Emilie Gillier, présidente de l’association RESIST (Réseau d’Entraide, de Soutien et d’Information sur le Stérilisation Tubaire).
Mais l’association, comme l’ANSM, veulent aller encore plus loin : éclairer toutes les femmes porteuses des implants et leurs professionnels de santé sur les possibles effets secondaires. Une information à grande échelle qui aura deux effets.

D’une part, chaque femme porteuse d’implants Essure® saura que tout symptôme, qu’il soit gynécologique ou non, survenu après la pose d’Essure® doit faire l’objet d’un signalement en ligne auprès du ministère de la Santé et d’une consultation chez un médecin.

D’autre part, les médecins seront en mesure de "reconnaitre d’éventuels effets indésirables et réduire l’errance médicale", avance l’ANSM. Ils chercheront d’abord les causes possibles de ce symptôme pour s’assurer qu’il n’est pas lié à une autre pathologie. Et si les implants semblent être la seule cause possible, leur explantation peut être envisagée.

Une discussion au cas par cas

Pour cette opération, il n’existe pas de règle générique. Le type d’ablation, le mode opératoire (cœlioscopie, voie vaginale ou laparotomie) et les éventuels effets secondaires et hormonaux d'une telle chirurgie doivent être discutés, au cas par cas, entre la patiente et son médecin. Un acte d’imagerie (radio ou IRM) permet d’abord de localiser les implants en cas de migration.

Prochaines étapes, attendues de pied ferme par l’association RESIST : la mise en place d’un comité de suivi d’ici mi-novembre et la réalisation d’études sur un plus grand nombre de patientes. "Jusqu’ici, personne n’avait réalisé qu’autant de femmes pouvaient être concernées" remarque Emilie Gillier. "Les patientes s'entendaient dire « c’est un problème d’allergie au nickel » puis « c’est un problème lié à la pose ». Maintenant on a une autre compréhension du problème et on voit qu’il reste encore beaucoup à découvrir."

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1 Selon le protocole d’explantation validé en décembre 2018 par le ministère de la Santé.