Le mystère des femmes fontaines enfin dévoilé

Il existe sûrement des questions que vous n'avez jamais osé poser, par pudeur, crainte, voire même honte... Notre journaliste, Mélanie Morin, a posé ces questions à votre place. Aujourd'hui, il est question des femmes fontaines.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
"Comprendre les femmes fontaines", chronique de Mélanie Morin du 6 novembre 2017
"Comprendre les femmes fontaines", chronique de Mélanie Morin du 6 novembre 2017

Lorsqu'on fait une recherche sur Internet, l'expression "Femme fontaine" génère près de 4.390.000 résultats, parmi lesquels quelques articles mais surtout beaucoup de pages pornographiques.

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Les fables de la (femme) fontaine

Pendant des siècles, les femmes fontaines étaient considérées comme des "mythes" car on peinait à comprendre ce mécanisme. Hippocrate, le père de la médecine, l'évoquait déjà au IVe siècle avant J-C. Selon lui, la "semence féminine" devait se mélanger à celle de l'homme afin de se reproduire, il lui attribuait un pouvoir procréatif. Pour le médecin grec Galien, ce liquide "stimule l'acte sexuel et donne du plaisir".

Certains sociologues et psychanalystes rappellent que les femmes fontaines ont aussi été parfois mal considérées parce que le plaisir féminin était censé être plus intériorisé. Le fait qu'un liquide puisse sortir ainsi du corps d'une femme faisait presque peur et véhiculait l'image d'une sexualité, au mieux assumée, au pire débridée voire agressive. Ces clichés tenaces se sont heureusement atténués grâce aux avancées de la médecine sexuelle. 

Le mystère des femmes fontaines

Chez la femme, l'urètre transporte les urines depuis la vessie vers le méat, l'orifice qui permet l'écoulement. De chaque côté de l'urètre se trouvent les glandes de Skene. Lors de l'orgasme, elles émettent à peine un millilitre de liquide plutôt translucide. Cette petite quantité ne cadre pas avec la véritable "fontaine" émise par les femmes concernées.

Par ailleurs, les glandes de Skene sont souvent considérées comme la "prostate féminine" parce que leur sécrétion de liquide rappelle le liquide séminal de l'homme. Or, les spécialistes soulignent que ces glandes pèsent entre deux et cinq grammes, soit dix fois moins que la prostate des hommes, et émettent bien moins de liquide. La notion d'éjaculation féminine est donc à relativiser. Et depuis les années 1950, quelques scientifiques se sont mis à chercher la composition réelle de ce flot...

Le contenu du liquide enfin dévoilé

Les docteurs Salama et Desvaux ont publié une étude en 2015 qui ne se contente pas d'analyser la littérature scientifique mais qui utilise aussi l'expérimentation. Sept femmes fontaines y ont participé. Elles se sont notamment masturbées jusqu'à l'émission de fluides qui ont été recueillis pour être analysés. Trois échographies ont aussi quantifié le remplissage de leurs vessies à différents moments : après une miction, après une stimulation sexuelle et après l'émission fontaine. Les médecins ont constaté, chez les sept femmes, que le liquide venait de la vessie et contenait de l'urée, de la créatinine et de l'acide urique, soit la même composition que l'urine même si le liquide est souvent clair et inodore.

Chez cinq femmes sur sept, ils ont retrouvé l'équivalent de l'éjaculat, issu des glandes de Skene, en quantité minime. Il y a donc bien deux fluides différents dont l'un, issu de la vessie, est bien plus présent. Leurs travaux ont donné lieu à un ouvrage intitulé "Femmes fontaines et éjaculation féminine : mythes, controverses et réalités" que l'on trouve uniquement sous forme numérique. Ces femmes sont compliquées à comptabiliser, car les auteurs estiment que la proportion de femmes fontaines varie entre 6 et 40% selon les études ! Cela est très difficile à évaluer selon qu'il s'agisse d'un épisode unique ou de quelque chose d'installé, de faits avérés ou de témoignages non vérifiables.

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Tabou pour les uns, fantasme pour les autres

Certaines femmes craignent de tremper les draps et que cela dégage une odeur d'urine. Les spécialistes rappellent que si la personne est bien hydratée, ses urines sont "fraîches", sans odeur. Il est conseillé de bien vider sa vessie avant les rapports. Selon les spécialistes, il est possible de bloquer le flux avec un périnée bien entraîné, comme quand on veut bloquer son pipi. Mais les réactions des partenaires ne sont pas forcément négatives, bien au contraire, ils peuvent même se sentir flattés. Certains recherchent des femmes fontaines. Essayer en couple ou du moins aborder le sujet avec son partenaire est une étape importante.
 

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