Violences sexuelles sur mineurs : repérer les comportements "sexualisés" inadaptés

L'association La Voix de l’Enfant a organisé un colloque lundi 8 octobre pour mieux informer les professionnels sur la prise en charge de ces enfants.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
"Violences sexuelles : comment protéger les enfants ?", entretien avec le Dr Agnès Gindt-Ducros, directrice de l'Observatoire national de la protection de l'enfance
"Violences sexuelles : comment protéger les enfants ?", entretien avec le Dr Agnès Gindt-Ducros, directrice de l'Observatoire national de la protection de l'enfance

15 à 30% des filles et 5 à 15% des garçons mineurs ont subi des violences sexuelles. Ces chiffres reflètent-ils la réalité ? Comment prendre en charge ces enfants ? Quels signes doivent alerter ? Le Dr Agnès Gindt-Ducros, directrice de l'Observatoire national de la protection de l'enfance, a répondu aux questions du Magazine de la santé.

  • Les chiffres sur les violences sexuelles des mineurs sont-ils sous-estimés ?

Dr Agnès Gindt-Ducros : "On sait que ces chiffres sont très largement sous-estimés car ces faits ne sont pas toujours dénoncés. Il y a une très grande complexité à dénoncer les faits de violences sexuelles, qui parfois sont dénoncés des années plus tard, quand la personne est arrivée à l'âge adulte, notamment en raison des phénomènes de honte et de culpabilité. Par ailleurs, on a l'impression que ce sont des faits qui n'arrivent qu'aux filles, mais cela arrive aux garçons aussi."

  • Il existe un numéro d'appel pour l'enfance en danger, le 119, dans quels cas peut-on l'utiliser ?

Dr Agnès Gindt-Ducros : "C'est une plateforme téléphonique ouverte à tous, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Toute personne qui s'interroge sur un enfant en danger, qui a besoin de dénoncer ou d'être conseillée et accompagnée, peut joindre le 119. Cela peut être quelqu'un de la famille de la victime, un professionnel, un enfant aussi. Et cet appel n'apparaît jamais sur les relevés téléphoniques."

  • Il y a vingt ans, la loi Guigou était promulguée pour améliorer la protection de ces enfants. Y a-t-il eu des progrès dans les procédures judiciaires ?

Dr Agnès Gindt-Ducros : "L'arsenal législatif est aujourd'hui à peu près au point. Il permet de dénoncer les choses. Le problème, c'est plutôt de repérer les situations et de mieux former les professionnels et pas que les médecins : 82% des faits de violences sexuelles sont révélés à l'Education nationale par les enfants. Une des grandes problématiques des violences sexuelles, c'est de penser l'impensable. C'est vraiment se trouver face à des situations d'horreur."

  • Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Dr Agnès Gindt-Ducros : "C’est toujours un faisceau de signes, un signe unique n'est pas suffisant. Il faut savoir reconnaître le corps souffrant, ce sont des enfants qui peuvent avoir par exemple des difficultés à marcher, des problèmes de coordination. Le psychisme est souffrant aussi. Ce sont des enfants qui peuvent avoir des troubles du comportement, ou une souffrance psychique très importante. L'autre chose qui doit alerter, ce sont des comportements « sexualisés » inadaptés à l'âge de l'enfant. Il peut s'agir de propos sexuels avec des injures ou des connaissances de la sexualité qui ne sont pas adaptées à leur âge. Cela peut aussi être des comportements de séduction inadaptés."