La drosophile, la mouche star de la recherche

Les mouches drosophiles ou "mouches du vinaigre" sont des animaux très utilisés dans la recherche. Malgré les apparences, ces petits insectes partagent avec l'humain un ancêtre commun : une sorte de ver marin qui vivait il y a environ 600 millions d'années. Il existe donc quelques points communs entre la drosophile et l'humain. C'est ce qui la rend si précieuse pour la science.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Six pattes, deux ailes et déjà au moins trois prix Nobel… la drosophile est la reine des labos, une véritable star des paillasses. Depuis le début du XXe siècle, elle est utilisée dans de nombreux domaines de recherche : en génétique, en immunologie et plus récemment dans l'étude du comportement.

Dans un laboratoire parisien les chercheurs étudient son cerveau. Ils essaient de percer les secrets de sa mémoire. "Notre idée et celle de nos collègues qui utilisent la drosophile comme modèle d'étude est de mettre en évidence des mécanismes chez la drosophile qui vont s'avérer être vrais aussi chez les mammifères et chez l'homme en particulier. Il y a évidemment des énormes différences au niveau de la forme du cerveau, au niveau de son organisation mais les neurotransmetteurs tels que la dopamine impliquée dans le plaisir chez l'homme, l'acétylcholine, la sérotonine..  existent aussi chez la drosophile", explique Thomas Preat, directeur du laboratoire plasticité du cerveau au CNRS.

Le cerveau de la drosophile est assez simple. Il n'y a que 100.000 neurones contre 100 milliards chez l'humain. Pour savoir comment les neurones de la mémoire fonctionnent, les chercheurs entraînent les mouches à se souvenir de quelque chose. Les chercheurs associent ainsi une odeur et un choc électrique. Pendant une minute, les mouches sentent une odeur et reçoivent en même temps un choc électrique. Le but, c'est qu'elles associent l'odeur et le choc.

La deuxième étape consiste à vérifier que les mouches se souviennent bien de cette association. Les observations : les mouches fuient l'odeur associée au choc. L'équipe va ensuite répéter l'expérience chez des drosophiles mutantes à qui il manque des neurones. Le but est de voir si l'absence de ces neurones affecte leur mémoire. Et c'est ainsi que par élimination les chercheurs vont progressivement identifier les neurones qui entrent en jeu dans la formation de la mémoire.

Une fois les neurones identifiés, l'étape suivante est de savoir comment ils fonctionnent. Pour cela, il faut aller voir à l'intérieur du cerveau de la mouche. Cette opération est particulièrement délicate car la drosophile mesure à peine 4 millimètres. Le chercheur installe ensuite la drosophile sous un microscope très puissant. Puis il lui fait sentir l'odeur associée au choc électrique pour stimuler sa mémoire. Les résultats obtenus ont ainsi permis aux chercheurs de montrer de quelle manière la mémoire est encodée et surtout dans quel site du cerveau la mémoire est encodée.

La drosophile permet à cette équipe de comprendre les mécanismes fondamentaux de la mémoire. Ces recherches ont aussi des applications médicales. Elles permettent par exemple de mieux comprendre le développement précoce de la maladie d'Alzheimer.