Se libérer du handicap en dansant

Tous les jours, Magali Le Naour-Saby se heurte aux trottoirs, aux pentes trop raides et autres espaces inaccessibles qui rythment le quotidien des personnes en fauteuil roulant. Mais elle a trouvé un endroit où s'en libérer : la scène. Car même si elle est handicapée, Magali est avant tout danseuse.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Danseuse professionnelle, Magali Le Naour-Saby ne peut pourtant pas tenir sur ses deux jambes. Elle doit cette fragilité à une asphyxie du cerveau qui l'a rendue infirme moteur cérébral à la naissance. "Dans la vie quotidienne, je suis obligée d'avoir toujours un appui, soit une barre, soit une personne, soit le fauteuil mais je ne peux pas évoluer seule sans l'aide de quelqu'un ou sans l'aide d'un appui", confie Magali.

Dans la vie quotidienne peut-être, mais sur scène la jeune femme a appris à s'affranchir de son handicap : "La danse classique est basée sur l'équilibre. Et moi j'avais envie d'utiliser cette notion de déséquilibre et d'équilibre, d'explorer un langage qui pour moi, n'était pas familier ni singulier, c'est-à-dire le langage corporel. Certaines personnes que je rencontre ont du mal à concevoir qu'une personne en fauteuil puisse tout d'un coup se lever et réaliser des portés ou danser la valse".

Avec sa chorégraphe, Magali travaille aujourd'hui sur une création où le fauteuil roulant n'a pas du tout sa place. Passage au sol ou dans les airs, son seul soutien c'est son partenaire. Hésitations lors des premières répétitions, comme la technique, le lâcher prise se travaille : "J'ai un peu la peur et l'angoisse de la chute. Je suis obligée dans la vie quotidienne de tout anticiper. Et il est vrai que c'est à la fois la liberté, la liberté d'un mouvement nouveau, d'un vocabulaire nouveau pour moi, c'est l'émancipation… et en même temps c'est aussi l'inconnu, et l'inconnu fait peur", souligne la danseuse.

En Allemagne, en Angleterre ou en Ecosse, depuis deux ans Magali écume les scènes européennes. Mais en France, la danseuse peine à s'imposer : "Je me suis retrouvée face à une impasse puisqu'il n'y a pas de compagnie professionnelle à destination des danseurs en situation de handicap en France. Il y a des associations qui accueillent des personnes en situation de handicap mais il s'agit plus de danse-thérapie que d'une production exclusivement artistique. Moi ce que je veux faire, c'est de la danse comme n'importe quel artiste".

Avec ou sans formation, Magali multiplie les expériences. Elle s'envolera prochainement pour Istanbul où elle encadrera elle-même des danseurs en résidence artistique.  

Y ALLER

  • Festival "Faits d'hiver"
    "La chaise humaine"
    Le 3 et 4 février 2016 au théâtre MPAA/Saint-Germain