Des manuels scolaires à lire du bout des doigts

Environ 1,7 million de Français souffrent d'un handicap visuel, soit environ 3% de la population. Parmi eux, 10.000 jeunes aveugles se rendent tous les jours à l'école pour étudier. Pour eux, les manuels scolaires doivent être transcrits en braille, ce qui présente certaines contraintes. Des associations, comme l'association Le Livre de l'Aveugle, réalisent ce travail minutieux.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Dans les classes qui accueillent des élèves malvoyants ou aveugles, les écoliers troquent stylos et cahiers pour des machines Perkins. Ces machines permettent d'écrire le braille. Pour apprendre, ils ont besoin de manuels scolaires comme tous les enfants, mais les leurs présentent quelques particularités.

Savoir utiliser le manuel est essentiel pour ces élèves qui intégreront peut-être par la suite des classes ordinaires. Une classe de voyants où ils le savent, personne ne pourra les aider à lire le braille. Essentiellement composés de textes, les manuels de français sont assez simples à adapter mais en histoire-géographie par exemple, les cartes compliquent un peu la donne comme l'explique Fanny Jourda, professeur des écoles à l'Institut national des jeunes aveugles : "Le but en braille, c'est de ne pas trop alourdir les cartes. Car s'il y a trop d'informations, les enfants ne pourront pas se repérer et capter les informations. Car au toucher, on peut capter beaucoup moins d'informations qu'à la vue".

Pour adapter les différents outils pédagogiques, les établissements spécialisés détiennent souvent leur propre service de transcription. Mais en France, deux tiers des manuels scolaires en braille sont édités à Malakoff, au sud de Paris, dans les locaux de l'association Le Livre de l'Aveugle.

L'impression des manuels en braille est un travail de longue haleine car avant d'être édité, tout le contenu du livre doit être retranscrit informatiquement par un bénévole : "Pour terminer de retranscrire un livre de 250 pages, il faut compter entre cinq et six mois. Et on n'a jamais trouvé dans n'importe quel centre de transcription, la possibilité d'aller plus vite. Conséquence : l'élève aveugle ou déficient visuel ne dispose pas de son livre entier à la rentrée", souligne Michel Tessier, président de l'association Le Livre de l'Aveugle.

Et les délais s'allongent pour les matières scientifiques, avec leurs lots de schémas et de graphiques. Pour les représenter en relief, une des techniques est le thermogonflage. Mais depuis un an et demi au Livre de l'Aveugle, les commandes se font de plus en plus rares comme le confie Michel Tessier, président de l'association : "Le braille est concurrencé par le numérique, il est concurrencé par la synthèse vocale… Toutes ces techniques ne remplacent pas à mon avis la lecture. Si vous écoutez un livre, c'est formidable, mais écouter ce n'est pas lire".

Mais lire pour un aveugle revient dix fois plus cher que pour un voyant. En effet, un manuel scolaire ordinaire acheté 25 euros en librairie a un prix de revient de 250 euros une fois transcrit et adapté en braille. L'association Le Livre de l'Aveugle a par ailleurs besoin de vous pour pouvoir continuer à éditer des manuels scolaires en braille. Vous pouvez contacter le 01.47.35.91.17 pour envoyer vos dons.