Décès d'un joggeur dans les Côtes-d'Armor : rendre public le rapport d'autopsie ?

Huit médecins demandent que soit rendu public le rapport d’autopsie d’un joggeur décédé en septembre sur une plage des Côtes-d'Armor. Selon eux, les éléments communiqués par la justice seraient cohérents avec une intoxication aiguë au sulfure d'hydrogène (H2S), le gaz émis par les algues vertes en décomposition.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le décès est survenu non loin de l'anse de Morieux, où se jette le Gouessant. (cc Jonathaneo)
Le décès est survenu non loin de l'anse de Morieux, où se jette le Gouessant. (cc Jonathaneo)

Le 8 septembre, un joggeur de 50 ans avait été retrouvé mort à l’embouchure du Gouessant, dans un secteur où des sédiments anciens d'algues vertes, inoffensives quand elles sont fraîches mais très dangereuses quand elles se décomposent, se mêlent à la vase. 

Les informations communiquées courant décembre par le procureur de la République de Saint-Brieuc, suite à l'autopsie et à des analyses toxicologiques, "sont des signes concordants d'une intoxication aiguë au sulfure d'hydrogène", affirment dans un communiqué les huit médecins, dont plusieurs spécialistes en toxicologie.

Ces praticiens demandent aux autorités publiques de communiquer notamment "le compte-rendu de l'autopsie et des examens histologiques" ainsi que les dosages d'H2S dans les tissus de la victime. Ceci afin d'"assurer la transparence de l'information sur la cause de ce décès".

"Entretenir le doute, c'est persévérer dans l'erreur et montrer une volonté délibérée de ne pas nommer la cause du décès. Ce doute a aussi des conséquences graves puisqu'il incite la population à sous-estimer le danger", poursuivent-ils.

Le procureur de la République de Saint-Brieuc, Bertrand Leclerc, n'avait pas écarté la possibilité d'un décès provoqué par l'H2S mais il avait considéré que les causes de la mort ne pouvaient être "clairement définies […] en l'état des résultats de l’autopsie et des analyses anatomopathologiques". Selon lui, "les analyses des vases et les mesures d'émanations de gaz ont révélé […] en certains endroits […] des émanations de ce gaz (H2S) à des niveaux pouvant atteindre rapidement plus de 1000 ppm" (partie par million, NDLR), un taux susceptible d'entraîner une mort brutale. 

Le phénomène, dans le cas de ces intoxications, est parfois comparé au "coup de plomb", connu pour avoir frappé pendant longtemps des professions comme les vidangeurs ou les égoutiers. Des accidents de ce type se produisent également parfois dans les élevages autour des fosses à lisier.

avec AFP

Quelques jours après le décès, le parquet avait affirmé à la presse qu’il n’y avait "pas de doute" quant à l'origine du décès, écartant l'hypothèse d'une intoxication au H2S.