Affaire Skripal : les victimes britanniques en contact avec le même agent neurotoxique que l’ex-espion

Les victimes ont été intoxiquées au novitchok, le même agent innervant que Sergueï Skripal.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
La police a installé des cordons de sécurité dans les endroits où les deux quadragénaires auraient pu se rendre.
La police a installé des cordons de sécurité dans les endroits où les deux quadragénaires auraient pu se rendre.  —  © polandeze on Visualhunt.com

Le mystère autour de l’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia s’épaissit. Deux personnes ont été retrouvées inconscientes près de Salisbury, la ville où l’ex-espion russe a été victime d'une tentative d'empoisonnement. Elles ont été exposées au "même agent innervant" que celui utilisé contre les Skripal, selon Neil Basu, le chef du contre-terrorisme britannique. Les victimes, un homme et une femme d’une quarantaine d’années, sont toujours dans un état critique. Elles ont été retrouvées dans une habitation d’Amesbury, à une dizaine de kilomètres de Salisbury. Pour la police, c’est un "incident majeur".

"Pas de risque sanitaire significatif pour le grand public"

Les enquêteurs, qui ont d’abord penché pour une contamination due à une absorption d'héroïne ou de crack, ont finalement décidé de mener des tests complémentaires. "La priorité des enquêteurs est désormais de déterminer comment ces deux personnes sont entrées en contact avec l'agent innervant", a déclaré Neil Basu. Pour lui, il n'y a néanmoins "aucune preuve" qu’ils aient "étaient visés d'une quelconque manière".

D’après un ami des victimes, celles-ci ont passé la journée à Salisbury la veille de l’empoisonnement. Pour éviter de nouvelles contaminations, la police a installé des cordons de sécurité dans les endroits où les deux quadragénaires auraient pu se rendre. Le jardin public Queen Elizabeth Gardens, à Salisbury, a par ailleurs été fermé au public. Public Health England (PHE, l’agence de santé publique anglaise), a néanmoins tenu à rassurer : pour elle, cet événement ne pose "pas de risque sanitaire significatif pour le grand public". L'hôpital de Salisbury reste quant à lui ouvert au public.

Des faits qui rappellent étrangement l’affaire Skripal

En mars dernier, Sergueï Skripal et sa fille Ioulia avaient été victimes d'une tentative d'empoisonnement à un agent innervant de la famille des Novitchok. Un policier qui leur avait porté secours avait été lui aussi été contaminé. Tous trois étaient restés hospitalisés plusieurs semaines. Le Royaume-Uni avait alors accusé la Russie, ce qui avait entraîné une grave crise diplomatique.

"La plus haute concentration de l'agent neurotoxique se trouvait sur la porte d'entrée" du domicile de Sergueï Skripal, avait expliqué Scotland Yard. Des traces de poison avaient également été retrouvées dans un pub que l’ex-espion et sa fille avaient l’habitude de fréquenter. Neuf sites avaient alors été nettoyés chimiquement pendant plusieurs mois. Toutes les personnes qui s’y étaient rendues avaient été invitées à laver leurs vêtements et leurs effets personnels.

Le soman, l’un des agents innervants les plus dangereux au monde, aurait possiblement été utilisé contre les Skripal. Il se caractérise par sa résistance aux traitements des intoxications habituels. "Le soman est un pallier supplémentaire par rapport au sarin : on commence à utiliser des produits pour lesquels on n’a pas de traitement", explique le Pr Frédéric Baud, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Necker. Si l’ex-espion et sa fille ont finalement été tirés d’affaire, c’est sûrement parce qu’ils ont été en contact avec une très faible quantité de poison.

L’intoxication au soman génère des crises de convulsions et coupe le souffle, des effets propres à la famille des poisons neurotoxiques. "Ils entraînent une insuffisance respiratoire aiguë en rétrécissant le calibre des bronches, en les obstruant par des sécrétions, et en paralysant le diaphragme. Vous n’avez aucun moyen de renouveler votre air alvéolaire. A cela s’ajoutent des crises d’épilepsie qui ne s’arrêtent pas", poursuit le Pr Frédéric Baud.