Prix Nobel de médecine 2016 : quand les cellules se recyclent…

Le prix Nobel de physiologie et médecine a été attribué ce 3 octobre à Yoshinori Ohsumi, pour avoir découvert et élucidé les mécanismes de l’autophagie – processus permettant la dégradation et le recyclage des composantes des cellules.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien téléphonique avec Patrick Auberger, directeur de recherche à l'Inserm
Entretien téléphonique avec Patrick Auberger, directeur de recherche à l'Inserm

Autophagie signifie "se manger soi-même". Le terme a émergé dans les laboratoires dans les années 1960, des chercheurs observant que les cellules pouvaient, dans certaines situations critiques (infections, privation de certains éléments indispensables à sa croissance…), recycler une partie de leurs composantes internes.

Grâce aux expérences de Yoshinori Ohsumi (voir encadré), on sait aujourd'hui que la cellule enferme ces composantes dans de petites membranes, et les achemine vers un "compartiment de recyclage" (nommé lysosome chez divers organismes animales que végétales), où elles sont dégradées. Cela permet de fournir rapidement divers matériaux de base à la cellule, ainsi que du carburant pour son fonctionnement.

Les découvertes d’Ohsumi ont bouleversé la compréhension de la vie des cellules. L’autophagie permet une grande adaptation cellulaire dans des contextes de crise (réponse à l’infection, situation de famine…).

Le choix du comité Nobel de remettre ce prix de physiologie et médecine à Yoshinori Ohsumi a notamment été motivé par le fait que le processus autophagique est impliqué dans plusieurs pathologies, y compris le cancer et certaines maladies neurologiques. Des mutations dans les gènes liés à l'autophagie sont en outre responsables de diverses maladies.

L’autophagie est également un processus clef dans le développement de l'embryon et de la différenciation cellulaire.

Au début des années 1990, le chercheur Yoshinori Ohsumi a réalisé des expériences sur la levure de boulanger et des cellules de mammifères, afin d’identifier les gènes impliqués dans l’autophagie. Son expérience la plus célèbre a consisté à affamer des cellules dont les lysosomes étaient dysfonctionnels, afin d’y observer l’accumulation progressive des composés cellulaires.