Innovation : une IRM installée au bloc opératoire
Lors de certaines opérations du cerveau, le patient doit être éveillé. Cela permet de tester ses fonctions vitales au fur et à mesure de l'intervention. Mais cette technique n'est pas toujours possible. Une équipe lilloise a donc, pour la première fois en France, installé une IRM au milieu du bloc opératoire. Cela permet de visualiser le cerveau du patient tout au long de l'opération.
En cas de tumeur cérébrale, lorsque l'anxiété du patient ne permet pas de le réveiller au cours de l'intervention pour tester ses fonctions, le chirurgien peut lui faire passer une IRM afin de contrôler les frontières de la tumeur. Ce système est unique en France, tout le dispositif nécessaire est testé avant l'incision.
Au cours de l'intervention, le chirurgien est guidé par un système de neuronavigation pour savoir exactement où se trouve la tumeur. Grâce au repérage, le chirurgien dessine les frontières de la tumeur à retirer, puis il fait très vite appel au microscope qui est aussi relié à la neuronavigation.
Il faut progresser sans léser les circuits indispensables au langage. Mais l'objectif est bien d'aller le plus directement possible en profondeur sans retirer la tumeur. "On garde le volume tumoral le plus longtemps possible pour avoir un déplacement le plus faible possible du cerveau autour et ainsi pouvoir garder nos repères de neuronavigation pré-opératoires. Tout l'intérêt de l'IRM est d'une part de montrer ce qui reste comme tumeur et de recaler notre navigation qui pourra à nouveau être utilisée comme au début de l'opération", explique le Pr Nicolas Reyns, neurochirurgien. Car une fois la tumeur retirée, le cerveau s'affaisse un peu et ne correspond plus à l'imagerie initiale.
Pour aller dans l'IRM, l'ouverture du crâne est protégée par des tissus anti-hémorragiques, puis la peau et tout un dispositif stérile : "Tout le matériel d'anesthésie, la table… Tout est compatible avec l'IRM donc avec le champ magnétique de l'IRM. Le matériel est entièrement dédié au plateau technique", précise le Pr Reyns.
Et la salle d'IRM a un circuit d'air conçu pour entièrement purifier la pièce dans des conditions identiques à celles du bloc opératoire. "Au début on se demandait si avec toutes les manipulations, faire l'IRM crâne ouvert, si on n'avait pas un risque supérieur d'infection du site opératoire. Et en définitive, on n'a pas de risque surajouté sur une cohorte de 200 malades. On n'a pas plus d'infections que chez des patients opérés en conditions normales, habituelles", souligne le Pr Reyns.
Le bénéfice est donc bien du côté d'une plus grande précision opératoire pour des tumeurs difficiles à distinguer à l'œil nu. La série d'images obtenue avec l'IRM est ensuite transmise au bloc opératoire où le patient revient pour la fin de l'opération. Les progrès à venir de cette imagerie pourraient permettre d'opérer avec précision un plus grand nombre de patients qui ne peuvent pas supporter la chirurgie éveillée.