Ostéopathes : un décret pour mieux encadrer la formation
Les conditions d'agrément des écoles d'ostéopathie vont être renforcées afin de garantir la qualité de l'enseignement, a-t-on appris lundi 15 septembre, à la grande satisfaction d'une partie de la profession.
Le nombre d'ostéopathes a explosé en France ces dernières années, passant de 4.000 en 2002 à environ 18.000 aujourd'hui.
Dans le même temps, les établissements agréés pour enseigner cette discipline, qui consiste à manipuler le système musculo-squelettique des patients pour soulager certains troubles, se sont multipliés, faisant craindre à certains une détérioration de la qualité de la formation.
Fruit d'une concertation engagée en 2013 par Marisol Touraine, ministre de la Santé, avec les organisations syndicales, un décret publié le 14 septembre 2014 au Journal officiel (JO) permet de renforcer les critères que doivent remplir les établissements souhaitant délivrer une formation en ostéopathie.
Locaux dédiés exclusivement à la formation, expérience professionnelle des formateurs... pas moins de 24 critères seront désormais nécessaires, relève le Syndicat français des ostéopathes (SFDO), qui salue le texte dans un communiqué.
Une réforme du goût des syndicats professionnels
"Une étape importante de la refonte du dispositif de formation des ostéopathes vient d'être franchie" avec la publication de ce décret qui "améliore la qualité des formations", juge le syndicat.
Selon lui, le texte, paraphé par les ministères des Affaires sociales et de l'Education, "témoigne de la volonté du gouvernement de mieux encadrer la formation des ostéopathes".
Le décret modifie également la composition de la commission chargée de délivrer les agréments, comprenant désormais des représentants de la profession. Il prévoit enfin des mesures pour les étudiants diplômés d'un établissement dont l'agrément n'a pas été renouvelé ou a été retiré.
Pour l'Union Fédérale des Ostéopathes de France (UFOF), il s'agit d'"un tournant décisif pour la profession": la démographie sera "enfin régulée" et le fonctionnement des écoles sera "notablement renforcé".
Un deuxième décret, qui doit définir plus précisément la formation, est attendu dans les prochaines semaines, selon elle.
Ostéopathie : une discipline trop hétérogène
Dans une étude critique publiée en 2012, des chercheurs de l'Inserm rappelaient que la formation des ostéopathes, bien qu'encadrée par des textes de loi, reste très hétérogène, "fonction des nombreuses écoles qui l'enseignent, fonction également du cursus initial des étudiants qui s'y forment (médecins ou non, kinésithérapeutes ou non)".
Les indications de l'ostéopathie sont, elles aussi, "variables d'une école à l'autre" : "certaines se limitent aux troubles touchant la colonne vertébrale et les membres ; d'autres incluent également des troubles digestifs, génitaux urinaires ou neuropsychiatriques". Or, si les réponses apportées par l'ostéopathie "sont potentiellement efficaces dans les douleurs d'origine vertébrales", elles sont "sans supériorité prouvée par rapport aux alternatives plus classiques".
Dans les autres indications, on ne peut conclure en l'état actuel des études disponibles. En revanche, "des évènements indésirables rares mais graves peuvent survenir lors de manipulations des vertèbres cervicales".
En savoir plus sur l'ostéopathie :
- Ostéopathie, une thérapie manuelle, dossier du 10 septembre 2014.
- L'ostéopathie appliquée aux enfants, article du 9 octobre 2013.
- Ostéopathie : les écoles agréées, article du 28 septembre 2012.