Monoxyde de carbone : des intoxications meurtrières

Les intoxications au monoxyde de carbone sont le drame de l'hiver. Selon le dernier bilan de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS), plus de 3.000 personnes ont déjà été intoxiquées au monoxyde de carbone, dont 33 sont décédées, depuis le 1er septembre 2012. Pourquoi ce gaz peut-il être mortel ? Quelles sont les précautions à prendre pour éviter les intoxications ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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"Le monoxyde de carbone est un tueur particulièrement silencieux", qualifie le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste à l'hôpital Hôtel-Dieu à Paris. Il s'agit en effet d'un gaz incolore, inodore et insipide qui vient se loger exclusivement et de manière rapide dans les poumons, une fois respiré.

L'Institut de Veille Sanitaire (InVS) référence 980 épisodes d'intoxications au monoxyde de carbone (CO), suspectées ou avérées, impliquant 3.160 personnes, dont 33 décès, depuis le 1er septembre 2012. Les régions les plus touchées sont l'Ile-de-France avec 159 épisodes et le Nord-Pas-de-Calais qui en compte 155, sur la même période.

De mauvaises manipulations domestiques à l'origine d'intoxications

"La production de monoxyde de carbone résulte d'une combustion incomplète", explique le Dr Gérald Kierzek. Les intoxications sont généralement dues à un manque de vigilance dans l'utilisation d'appareils chauffants à combustion, à un mauvais réglage ou à la vétusté des appareils et à un défaut d'entretien. Sont concernés les appareils de chauffage à gaz, charbon ou pétrole, les chauffe-eaux et les groupes électrogènes.

Selon l'Institut de Veille Sanitaire (InVS), le mauvais fonctionnement d'une chaudière a ainsi causé deux décès à domicile, entre le 18 février et le 3 mars 2013. Sur la même période, une mauvaise utilisation d'un groupe électrogène a provoqué deux morts. Depuis, le 1er septembre 2012, une utilisation inappropriée d'un brasero ou barbecue a tué une personne.

Une exposition à risque

Le monoxyde de carbone "pénètre dans les globules rouges, se fixe sur l'hémoglobine du sang à la place de l'oxygène, et empêche ainsi l'oxygénation des cellules. Il provoque donc une asphyxie", explique le médecin urgentiste.

Le système nerveux et le cœur sont les premiers organes à pâtir de ce manque d'oxygène. "À taux faibles, on observe des maux de tête, des vertiges, des troubles digestifs voire des malaises. À taux plus élevés, la victime tombe dans le coma et risque la mort. Les intoxications au monoxyde de carbone peuvent laisser à vie des séquelles de type neurologique et cardiaque", expose-t-il.

De plus, l'intoxication peut s'avérer chronique, elle "entraîne des maux de tête, des nausées, une confusion mentale et est souvent difficilement détectable et peut entraîner, à la longue, des troubles cardiaques ou respiratoires", renchérit l'urgentiste.

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Une surveillance préventive

 La Direction générale de la santé (DGS) et l'Institut national de la prévention et de l'éducation pour la santé (Inpes) rappellent les conseils destinés à éviter la survenue d'une intoxication au CO : 

  • ne jamais se chauffer avec des appareils non destinés à cet usage (réchauds de camping, fours, braseros, barbecues) ;
  • faire vérifier et entretenir chaudières, chauffe-bains, inserts, poêles ;
  • n'installez jamais les groupes électrogènes dans un lieu fermé (maison, cave, garage…). Ils doivent impérativement être placés à l'extérieur des bâtiments.