Quelles sont les causes des calculs rénaux ?

Pour traiter les calculs rénaux et éviter leur récidive, il faut trouver la cause de leur formation. Reportage à l’hôpital Tenon à Paris, qui possède un laboratoire spécialisé d'analyse des calculs.

Céline Morel
Rédigé le , mis à jour le
Passer les calculs rénaux au crible pour éviter la récidive
Passer les calculs rénaux au crible pour éviter la récidive  —  Le Mag de la Santé - France 5

Lisses et multicolores, rugueuses et sombres, de quelques grammes à plus d’un kilo... Ces pierres surprenantes ne proviennent pas de la terre, mais bel et bien du corps humain. Ce sont des calculs rénaux.

"Vous avez ici deux calculs de même taille, de même composition, mais la morphologie est différente, l'un est clair, l'autre est sombre"  décrit le Dr Michel Daudon, biologiste à l'hôpital Tenon. "Dans le premier cas, la cause est génétique, le deuxième d’origine diététique. Le premier peut détruire les reins, il faudra mettre en place un traitement médical très lourd. Dans le second cas, ce sera juste un réajustement diététique", poursuit-il.

Une cause diététique, génétique ou infectieuse

Diététique, génétique ou encore infectieuse... Il est donc déterminant de connaître la cause des calculs pour la prise en charge du patient et pour éviter la récidive. Dans ce laboratoire, une vingtaine de calculs sont analysés chaque jour. Ces deux petits spécimens ont été prélevés il y a quelques heures dans le rein d’un patient.

"L'analyse du calcul commence par une observation à la loupe binoculaire. On va regarder la texture de ce calcul, rugueux, bosselé, mamelonné, avec des cristaux anguleux ou pas. On va aussi regarder sa couleur. L'un est brun foncé, l'autre est gris. Celui qui est gris a une nouvelle couche de cristaux qui vient de se déposer donc il est en phase active"
, raconte le Dr Michel Daudon.

Analyser les composants du calcul

Le calcul gris va donc être analysé. La technicienne va commencer par prélever le petit dépôt clair, appelé plaque de Randall, logée dans une de ses cavités. Les gestes doivent être précis et délicats."On vient de prélever une infime quantité de la plaque. Je vais la mélanger avec un produit afin de faciliter son analyse", explique Ismaël Drouet de la Thibauderie, technicienne de laboratoire à l'hôpital Tenon.

Cette poudre est ensuite compressée dans un cylindre pour former une sorte de petite pastille ensuite placée dans une machine, un spectromètre infrarouge. Il permet en quelques minutes de déterminer les différents composants de la plaque de Randall prélevée sur le calcul.

La vitamine D parfois en cause

"La plaque a plusieurs pics, c'est du phosphate de calcium qui se dépose dans le tissu rénal, peut-être à cause d’un excès dvitamine D chez ce patient à un moment donné de sa vie. Quand on donne des cures de vitamine D avec des doses trop élevées, on va augmenter la quantité de calcium dans le rein qui aura du mal à s’en débarrasser et ça va se déposer dans le tissu rénal", commente le Dr Michel Daudon.

Mais le calcul n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. Pour percer les derniers mystères, il faut le réduire cette fois intégralement en poudre et le compresser avec une presse, beaucoup plus puissante.

Limiter les aliments riches en oxalate

Cette nouvelle pastille translucide est analysée à son tour avec le spectromètre à infrarouge. Les résultats révèlent cette fois une concentration importante d’oxalate de calcium monohydraté.

"L’oxalate monohydraté signifie trop d'oxalate dans les urines. L'oxalate est d'origine alimentaire essentiellement apportée par des produits végétaux qui en sont riches. Il y a l'oseille, les épinards, la rhubarbe, la carambole, le chocolat noir, le cacao. Ici, on est rassuré sur la cause de ce calcul, ce patient n'a pas de problème génétique ou de pathologie digestive, c'est vraiment alimentaire", conclut le Dr Michel Daudon.

Le patient devra donc désormais faire attention aux apports de vitamines D, limiter sa consommation d’aliments riches en oxalates et boire plus d’eau au quotidien.