Pourquoi le nombre de suicides augmente par temps chaud
Plus les températures s'élèvent, plus la mortalité augmente à court terme et plus le taux de suicides croît. C'est la conclusion d'une étude de l'Inserm.
Pour la première fois en France, une étude fait le lien entre des températures élevées et une augmentation du nombre de suicides. Publiée dans l'American Journal of Epidemiology, elle porte sur une durée de plus de 50 ans.
Le nombre de décès quotidiens a été croisé avec les températures maximales et minimales. La mortalité était la plus faible à la température de 20 degrés, tandis qu'elle augmentait progressivement lorsque la température s'élevait au-dessus de 20 degrés et lorsqu'elle diminuait.
L'étude de l'Inserm confirme des données déjà mises en lumières par des travaux mexicains et étasuniens, où la mortalité était également en hausse, à la fois pendant les périodes les plus chaudes et les plus froides.
Davantage de passages à l'acte
Seule exception, les suicides : "la mortalité par suicide augmente régulièrement avec la température, mais il n'y a pas d'excès de suicides avec les températures froides", indique à l'AFP Rémy Slama, responsable de l'étude et directeur de recherche à l'Inserm.
Comment l'expliquer ? La hausse des températures fait baisser le taux de sérotonine, une hormone qui inhibe les comportements impulsifs. "Sa diminution pourrait augmenter le risque de passage à l'acte suicidaire", explique ainsi Rémy Slama.
"Autre hypothèse, la modification des interactions sociales, réduites en période de forte chaleur, pourrait influencer certains passages à l'acte."
Le corps humain s'adapte relativement
L'étude avait un second objectif, vérifier si l'influence des températures sur la mortalité évoluait dans le temps. Trois périodes ont donc été isolées, 1968-1984,1985-2000 et 2001-2016. Verdict : l'impact des températures sur la mortalité toutes causes confondues et sur la mortalité par suicide a diminué entre la première et la deuxième période. Mais pas entre la deuxième et la troisième période.
"Cela plaide en faveur d'une certaine adaptation de la société aux températures extrêmes, sans doute grâce à des changements opérés dans les systèmes de santé ou l'habitat, souligné M. Slama. Mais celle-ci a ses limites et ne peut effacer totalement l'impact de la hausse des températures".
Et dans un contexte de réchauffement climatique, cette augmentation du taux de suicide semble inquiétante, notamment si les sociétés ne mettent pas en place des actions adaptées de prévention.
