Pour la première fois, du sang créé en laboratoire a été transfusé à deux patients

Un premier essai clinique à l’échelle mondiale a permis de transfuser des globules rouges cultivés en laboratoire. Cette réussite ouvre la voie à une solution future pour pallier le manque de sang.

Muriel Kaiser
Muriel Kaiser
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Les premiers résultats de l'essai clinique sont encourageants
Les premiers résultats de l'essai clinique sont encourageants  —  Shutterstock

C'est une première mondiale. Au Royaume-Uni, deux personnes ont bénéficié d'une transfusion sanguine à partir de globules rouges élaborés en laboratoire. Il s'agit d'un essai clinique mené conjointement par plusieurs universités et instituts médicaux. Parmi eux, l'université de Bristol qui a publié un communiqué.

D'abord, du sang a été collecté grâce à des donneurs. Les cellules souches ont été extraites du sang, puis "cultivées pour produire des globules rouges". Après la transfusion, les deux volontaires receveurs "ont été étroitement surveillés et aucun effet secondaire indésirable n'a été signalé. Ils se portent bien et sont en bonne santé", note le communiqué. 

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Un essai prometteur

L’essai va se poursuivre avec d'autres participants, qui "recevront deux mini-transfusions à au moins quatre mois d'intervalle, l'une de globules rouges donnés standard et l'autre de globules rouges cultivés en laboratoire, pour savoir si les globules rouges fabriqués en laboratoire durent plus longtemps que les globules fabriqués dans le corps".

Si d’autres essais seront nécessaires avant une utilisation clinique de sang de synthèse, la recherche "marque une étape importante dans l'utilisation des globules rouges cultivés en laboratoire pour améliorer le traitement des patients atteints de groupes sanguins rares ou des personnes ayant des besoins transfusionnels complexes", notifient les chercheurs.

Une solution au manque de sang ?

En effet, s'il s'avère que les globules rouges de synthèse sont plus efficaces, le quotidien de nombreux patients pourrait être amélioré. Ainsi, le chercheur Cedric Ghevaert, professeur de médecine transfusionnelle et hématologue consultant à l'université de Cambridge, a déclaré : "si notre essai, le premier de ce type au monde, réussit, cela signifiera que les patients qui ont actuellement besoin de transfusions sanguines régulières à long terme auront besoin de moins de transfusions à l'avenir, ce qui contribuera à transformer leurs soins." 

Les patients atteints de drépanocytose, par exemple, sont les premiers concernés. En effet, selon John James Obe, directeur général de la Sickle Cell Society, "certains patients drépanocytaires ont développé des anticorps contre la plupart des groupes sanguins des donneurs" et sont donc "difficiles à transfuser". Mais en attendant que l'essai avance et au vu des besoins, les chercheurs encouragent chacun à continuer de se mobiliser et de donner son sang.

A quoi sert le sang ?
À quoi sert le sang ?  —  Le Magazine de la Santé - France 5