Covid : les vaccins sont-ils dangereux pour les personnes immunodéprimées ?

La vaccination contre la covid-19 soulève plusieurs questions pour les personnes atteintes de VIH, de déficit immunitaire ou celles prenant un médicament immunosupresseur. Les vaccins seront-ils efficaces et bien tolérés pour elles ?

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Covid : les vaccins sont-ils dangereux pour les personnes immunodéprimées ?
Crédits Photo : © Shutterstock / BaLL LunLa

"Il n'y aura pas de contre-indication a priori dans ce cadre, précise le Pr Lelievre, immunologue et spécialiste des  vaccins. Mais il n’y a pas de données spécifiques pour le moment, comme les personnes immunodéprimées n'ont pas été inclues dans les essais de phase 3."

Il faudra donc attendre les phases 4 pour en savoir plus sur l'efficacité et la sécurité des vaccins dans les populations concernées par une immunosuppression, qu'elle soit due à une maladie ou un traitement.

Les vaccins vivants atténués contre-indiqués

Selon les recommandations actuelles sur la vaccination, seuls les vaccins dits vivants atténués sont contre-indiqués chez ces personnes. Mais les autres vaccins, qualifiés d'inertes, sont réalisables et la majorité des vaccins anti-covid-19 pourront donc être pratiqués. 

"Pour la Covid-19,  une seule société a développé un vaccin vivant atténué, détaille le Pr Lelièvre. Les autres vaccins sont possibles. Mais les personnes avec une immunodépression vont vraisemblablement moins répondre au vaccin comme ils sont immunodéprimés. Et en cas de maladies auto-immune et inflammatoires (telles que la sclérose en plaques ou la polyarthrite rhumatoïde), la question porte davantage sur la tolérance puisque l'on n'a pas de données à l'heure actuelle. Des cohortes se mettent en place pour étudier la tolérance chez les populations spécifiques." 

Dans de nombreux cas, les bénéfices de la vaccination l'emporteront vraisemblablement devant la gravité potentielle de l'infection par le coronavirus. Mais le spécialiste estime que dans certaines pathologie comme le lupus, il  y pourrait y avoir un risque d'exacerbation, via la voie de l'interféron qu'active la covid-19 : "Mais ce n'est pas le cas de toutes les pathologies auto-immunes, précise-t-il. Les gens avec un VIH stabilisé ne posent pas de problème particulier".

Des patients non prioritaires

Certaines sociétés savantes viennent actualiser leurs recommandations, à l'instar de la société francophone de la sclérose en plaques : "A ce stade, les données concernant la sclérose en plaques et les situations d’immunodépression (maladies inflammatoire et/ou auto-immunes recevant un traitement immunosuppresseur, infection VIH) ne permettent pas de conclure à un risque accru de formes graves (du Covid-19 NDLR).

Ceci explique que les personnes avec une SEP ou une immunodépression ne soient pas dans les cibles prioritaires de la campagne de vaccination." Seules exceptions : si elles présentent un handicap sévère ou un facteur de risque identifié de forme grave, comme un âge de plus de 65 ans, une obésité, etc. 

Le 27/11/20, la Haute Autorité de Santé  a émis ses recommandations sur la campagne de vaccination, en précisant les personnes prioritaires (dont font partie les transplantés, sous immunosupresseur). Elle estime que le sur-risque associé aux maladies inflammatoires et/ou auto-immunes recevant un traitement immunosuppresseur, était significatif mais plus faible, et nécessite d'autres études pour statuer. 

Les patients ne faisant pas partie des personnes prioritaires suivront donc les recommandations destinées à la population générale, après avis de leur spécialiste. Leurs proches en se vaccinant aussi, les protégeraient encore plus.