Covid : Chine, Brésil, États-Unis… entre regain de cas, défiance et inquiétudes

Alors que Pékin enregistre un regain de contaminations mais assure que l’épidémie est "sous contrôle", les Etats-Unis doutent de la crédibilité chinoise. En France, l’inquiétude est davantage tournée vers la flambée en Amérique du Sud.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration.
Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Novikova_Irina

Faut-il s’inquiéter du regain de contaminations au coronavirus en Chine et notamment à Pékin ? Le ministère chinois de la Santé a fait état ce 19 juin de 25 nouveaux cas au cours des 24 dernières heures dans la ville de 21 millions d'habitants, portant à 183 le nombre de cas recensés depuis la semaine dernière. Dans la capitale chinoise, des milliers d'habitants font la queue pour subir un dépistage.

A lire aussi : Coronavirus : une mutation a bien renforcé son pouvoir infectieux

Un virus revenu d’Europe en Chine ?

Après deux mois sans aucune contamination, la vie avait repris un cours quasi normal. Mais l'apparition il y a quelques jours à Pékin d'un nouveau foyer d'infection a suscité la crainte d'une deuxième vague de contaminations. Une trentaine de zones résidentielles ont donc été placées en quarantaine et tous les établissements scolaires ont été refermés jusqu'à nouvel ordre. Le marché de gros de Xinfadi, principal lieu d'approvisionnement en fruits et légumes de la capitale, est soupçonné d'être la source des nouvelles contaminations.

Selon l’analyse de son génome rendue publique le 19 juin, ce virus pourrait venir d’Europe mais semble plus ancien que la souche qui circule actuellement en Europe. "Il est possible que le virus qui provoque aujourd'hui une épidémie à Pékin ait voyagé depuis Wuhan jusqu'à l'Europe et soit maintenant revenu en Chine", estime Ben Cowling, professeur à l'École de santé publique de l'Université de Hong Kong.

Mais le 18 juin, l’épidémiologiste en chef du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Wu Zunyou, a affirmé que l'épidémie dans la capitale chinoise était "sous contrôle"

La "crédibilité" chinoise mise en doute

Suite à cette annonce, les États-Unis, qui comptent plus de 117.000 morts et plus de 2,1 millions de cas diagnostiqués ont immédiatement mis en doute la "crédibilité" des chiffres communiqués par la Chine. "J'aimerais croire que leurs chiffres" sont "plus proches de la réalité que ce qu'on a constaté à Wuhan et dans d'autres zones de la Chine, mais cela reste à voir", a ainsi affirmé le secrétaire d'Etat américain adjoint pour l'Asie de l'Est, David Stilwell.

Washington accuse également les autorités chinoises d'avoir menti sur leur bilan officiel, qui fait état actuellement de près de 83.300 cas dont plus de 4.600 décès depuis que la maladie Covid-19 a été signalée pour la première fois dans la ville de Wuhan fin 2019. Le gouvernement de Donald Trump estime aussi que Pékin a dissimulé l'ampleur et la gravité initiale de l'épidémie, ce qui a facilité la propagation du virus qui a tué plus de 450.000 personnes à travers le monde et contraint les gouvernements à confiner leur population et à mettre donc leur économie à l'arrêt.

Des chiffres "dix fois" plus élevés ?

"Quand il s'agit de données, la crédibilité c'est important. Et une fois qu'on a perdu toute crédibilité, c'est très difficile de la retrouver", a estimé David Stilwell, citant des "évaluations très crédibles et non politisées émanant de publications scientifiques" selon lesquelles il serait tout simplement "impossible" que le bilan officiel chinois corresponde à la réalité alors qu'il pourrait être "dix fois" plus élevé.

Selon lui, "la seule manière" de "rétablir" la crédibilité de la Chine serait "d'accepter le déploiement d'observateurs neutres qui aident à comprendre ce qui s'est passé exactement" au début de la pandémie.

L’Amérique du Sud inquiète la France

Aujourd’hui, c’est davantage l’Amérique du Sud que la Chine qui inquiète le conseil scientifique français. Selon le virologue Bruno Lina, membre du conseil scientifique, le "danger" de voir une deuxième vague d'épidémie de Covid-19 frapper l'Europe vient "beaucoup plus" de sa flambée en Amérique du Sud que des nouveaux foyers apparus récemment en Chine.

La situation en Chine nous montre "le risque de voir recirculer le virus, même en été", note Bruno Lina. Mais "le conseil scientifique considère que, compte tenu de ce qu'il se passe en Amérique du Sud, le risque d'une vraie deuxième vague venant de l'hémisphère sud fin octobre, en novembre ou en décembre, est un risque qui doit être considéré", a de son côté souligné Jean-François Delfraissy.

Actuellement, c’est en effet l'Amérique latine et surtout le géant brésilien qui montrent la progression la plus forte : deuxième pays le plus touché au monde derrière les Etats-Unis, le Brésil déplore au total 46.510 décès, selon des données qui pourraient être très loin de la réalité. Le pays a enregistré 183.686 nouveaux cas en une semaine, du 11 au 17 juin.