Le tabagisme passif nous enfume toujours dans les lieux publics

Malgré les lois d'interdiction de fumer dans les lieux à usage collectif et les lieux de convivialité, instaurées en France en 2007 et 2008, nous n'échappons pas à la fumée des autres. Ni au travail, ni à l'université, ni dans les bars et restaurants.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le tabagisme passif nous enfume toujours dans les lieux publics

Les Français, protégés du tabagisme passif ? Nous sommes loin du compte. Dans le cadre d’une enquête du Baromètre santé de l'Insitut national de Veille Sanitaire (InVS), une proportion importante de personnes a déclaré être exposée à la fumée de tabac, dans divers endroits de son quotidien.

Les étudiants et lycéens sont particulièrement touchés dans leur environnement scolaire. En 2014, plus des trois quarts (76,8%) des lycéens et étudiants de plus de 15 ans ont déclaré avoir été exposés, durant les 30 derniers jours, à la fumée de tabac des autres au lycée, à l'université (sans toutefois préciser si cette exposition avait eu lieu dans l'enceinte de l'établissement ou aux abords de celui-ci). Au travail, le constat est également inquiétant : parmi les personnes actives, 15,5% ont déclaré avoir été exposées à la fumée de tabac des autres sur leur lieu de travail à l'intérieur des locaux, 7,9% de temps en temps et 7,6% régulièrement. Mais si l'exposition déclarée est encore haute, elle a nettement chuté depuis l’interdiction de fumer au travail : elle s'élevait début 2007 à 41% chez les non-fumeurs.

Sans surprise, les lieux de convivialité ne font pas exception. En 2014, 6% des 15-75 ans ont déclaré avoir été exposés à la fumée de tabac des autres à l’intérieur des restaurants, au moins une fois au cours des trente derniers jours. A l’intérieur des cafés, bars et pubs, elle a concerné 14,2% de la population. 3,8% des Français ont rapporté une exposition à la fumée de tabac des autres à l’intérieur des discothèques. Ces taux élevés suggèrent une certaine fragilité quant au respect des interdictions de fumer dans les lieux publics.

Des populations particulièrement explosées

Face au tabagisme passif, nous ne sommes pas tous égaux. Certaines personnes y sont encore plus confrontées que d’autres. La  catégorie socioprofessionnelle peut être un facteur aggravant. Le baromètre montre que les ouvriers sont les plus concernés au travail (28,2%), tandis que les professions intermédiaires, les employés, et les agriculteurs, artisans, commerçants et chefs d’entreprise sont exposés pour 11 à 16% et les cadres pour 7,1% d'entre eux.

De plus, être parisien, et dans une moindre mesure, habiter une grande agglomération, est moins favorable. Le tabagisme passif dans les bars et restaurants (mais pas en discothèque) est plus élevé dans les grandes agglomérations. A titre d'exemple, dans les cafés, bars, pubs, 19,5% des non-fumeurs vivant dans des communes rurales ou de moins de 20.000 habitants se sont dits exposés à la fumée, contre 35,8% dans l’agglomération parisienne. Cette différence entre grandes villes et milieu rural peut laisser penser que la norme sociale est encore plus favorable au tabagisme dans les lieux de convivialité des grandes villes

Le tabagisme passif, délétère pour la santé à plus d'un titre

Inhaler la fumée des autres est dangereux pour la santé. Ce n'est plus à démontrer. Des études épidémiologiques ont montré que le tabagisme passif est susceptible d’aggraver des pathologies existantes et d’en causer de nouvelles. Chez les non-fumeurs, il fait notamment grimper de 27% le risque de cardiopathie ischémique et d'environ 25% celui de cancer du poumon. Chez les enfants exposés, les risques d’infections respiratoires et d’asthme augmentent respectivement de 55% et 32%, et le risque de mort subite du nourrisson est multiplié par 2,1. Le nombre de décès lié à l’exposition à la fumée de tabac a été estimé, en France, à 1.100 chaque année.

Poursuivre nos efforts est utile est même crucial : les lois pour un environnement sans tabac ont démontré leur efficacité à travers le monde. Elles sont associées à réduire une réduction significative de l'incidence de pathologies cardiovasculaires et la mortalité par pathologies attribuables au tabagisme.