Le risque de mortalité associé à l'obésité sous-estimé

Le risque de mortalité lié à l'obésité serait sous-évalué par de très nombreuses études épidémiologiques. En effet, celles-ci s'appuient souvent sur la mesure du poids ou de l'indice de masse corporelle au moment du recrutement des participants, sans s'intéresser à l'évolution de cette variable au cours de longues périodes. Or, les données issues d'un tel suivi permettent d'établir des prévisions beaucoup plus fiables, selon des travaux publiés le 4 janvier 2016 dans les Comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Les auteurs de l'étude publiée dans les PNAS sont partis du constat suivant : beaucoup de recherches sur les conséquences à long terme de l'obésité ne font pas de distinction entre les personnes qui n'ont jamais dépassé un poids normal et celles qui ont été obèses ou en surpoids avant de maigrir.

Afin de vérifier si la prise en compte des variations de poids permet d'obtenir des résultats plus fiables, ces chercheurs ont utilisé des données provenant d'une vaste enquête nationale sur la nutrition menée aux Etats-Unis de 1988 à 2010.

Selon leurs travaux, ne prendre en compte qu'une seule mesure (typiquement, l'indice de masse corporelle - IMC) biaise très fortement les conclusions des analyses.

"Les risques liés à l'obésité ont été obscurcis dans les recherches précédentes parce que la plupart des études prenaient en compte le poids pris une seule fois", explique Andrew Stokes, professeur adjoint de santé publique à l'Université de Boston, co-auteur de l'article. "Le simple fait d'incorporer les mesures du poids dans le temps clarifie les risques de l'obésité et montre qu'ils sont beaucoup plus grands qu'estimés jusqu'alors", ajoute-t-il.

Ainsi, comparés à des personnes qui ont toujours gardé la ligne, celles qui sont revenues à un poids conventionnel après avoir été obèse ont un risque de mortalité cardiovasculaire sensiblement plus élevé. Si l'on se contente de suivre des personnes "d'IMC normal au début de l'étude", les risques de l'obésité passée sont gommés, et les bénéfices d'un poids stabilisé dans le temps sont sous-évalués.

Selon les données analysées, le risque de mortalité des personnes qui avaient un poids normal au moment de l'enquête mais avaient été obèses ou en excès pondéral dans le passé était 27% plus élevé que pour dont le poids est resté stable sur le temps. Parmi ceux dont le poids était normal au moment de l'enquête, 39% avaient souffert précédemment de surpoids ou d'obésité (les résultats montrent qu'un amaigrissement résulte souvent d'une maladie, précisent les chercheurs).

Ils ont également observé une plus grande prévalence de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires parmi les personnes qui ont eu un IMC plus élevé que la normale et ont ensuite perdu du poids, par rapport à ceux ayant toujours été minces.

Les chercheurs observent enfin que l'obésité à un certain âge pourrait prédisposer à ces pathologies, même si les personnes perdent ensuite du poids pour retrouver un IMC normal.

Etude source : Revealing the burden of obesity using weight histories, December 4, 2015, PNAS, DOI 10.1073/pnas.1515472113

Dans le même ordre idée, cette étude n'a constaté aucun effet protecteur de l'embonpoint, contrairement à ce que de précédentes recherches suggéraient.