Qu’est-ce que le virus Borna qui a tué huit personnes en Allemagne ?

Des chercheurs allemands ont identifié huit cas mortels de maladie de Borna. Le virus responsable de cette inflammation mortelle du cerveau est véhiculé par des rongeurs et pourrait expliquer d’autres décès pour le moment inexpliqués.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Neurones : un venin d'araignée peut empêcher leur mort après un AVC -
Neurones : un venin d'araignée peut empêcher leur mort après un AVC -  —  Crédit photo : Сергей Лабутин - Fotolia.com

Un nouveau diagnostic pour expliquer huit décès. Des cas mortels de maladie de Borna ont été nouvellement identifiés chez des patients souffrant d'encéphalite virale jusqu'alors inexpliquée, selon des chercheurs allemands. Tous ces patients étaient morts entre 1999 et 2019, et vivaient dans le sud de l'Allemagne, selon cette étude publiée le 8 janvier 2020 dans The Lancet Infectious Diseases. Les chercheurs estiment que d’autres cas pourraient être diagnostiqués.

Fièvre, maux de tête, perte de conscience…

Mais à quoi correspond cette maladie ? Le virus de Borna ou bornavirus véhiculé par un rongeur, parfois confondu avec une souris, la musaraigne bicolore à dents blanches (Crocidura leucodon). La maladie de Borna, qui doit son nom à une ville allemande, a été décrite à la fin du 18e siècle. Il s'agit d'une inflammation du cerveau et des méninges non purulentes affectant notamment les chevaux et moutons.

Les personnes infectées ressentent de la fièvre, des maux de tête et de la confusion puis présentent des signes de maladie cérébrale tels qu'une démarche instable, des pertes de mémoire, des convulsions et une perte de conscience progressive.

L'étude concernait 56 patients qui avaient développé des signes d'encéphalite au cours des 20 dernières années. Elle a permis des analyses de tissu cérébral de patients décédés. L’état des sujets atteints de maladie de Borna s’était rapidement détérioré après leur admission à l'hôpital, entraînant un coma profond et la mort dans les 16 à 57 jours suivant leur admission.

Une transmission par contact animal ?

Les auteurs relèvent toutefois une limite à leur étude : ils n'ont pas pu établir une voie exacte de transmission des musaraignes aux humains. Cependant, les informations disponibles sur 14 patients montrent un contact avec des animaux, la vie en milieu rural ou suburbain, des travaux agricoles et d'autres activités de plein air pour la plupart d'entre eux. Dans au moins sept cas, des contacts étroits avec des chats ont été signalés. Lorsque les chats chassent, ils peuvent introduire des musaraignes dans les maisons et y exposer les humains. Des musaraignes infectées par ce virus sont présentes dans le sud de l'Allemagne, en Autriche, en Suisse et au Liechtenstein.

"Relancer la recherche sur le virus Borna"

En attendant de mieux connaître le mode de transmission du bornavirus, les chercheurs suggèrent d'effectuer plus souvent des tests de dépistage de la présence de ce virus en cas de troubles du système nerveux d'évolution rapide et de cause inconnue, afin de pouvoir établir la véritable étendue de l'infection chez les humains.

Le rôle du virus a suscité "plusieurs décennies de controverse", mais "il est temps de relancer la recherche sur le virus Borna humain" en intégrant "les connaissances de ces cas confirmés" chez des malades, estime dans un commentaire dans la revue, le docteur Tomoyuki Honda de l'Université d'Osaka (Japon).